Saint-Georges-de-Didonne - N°139 - Décembre/Janvier 2016

CREA – Didier Trambouze : «Une page se tourne»

Après 18 ans en tant que directeur de CREA, Didier Trambouze, en froid avec la municipalité, a décidé de partir. Il prend la direction du service culturel du Département. Retour sur son parcours.

La Côte de Beauté - Comment êtes-vous arrivé à CREA ?

Didier Trambouze - J’étais responsable du service culturel au Carel de Royan et je m’intéressais à ce qui se faisait en matière de culture sur le territoire. J’avais rencontré le directeur de CREA en 1992 et je fréquentais le cinéma sans pour autant être adhérent à l’association. En 1998, le directeur partant m’a contacté. J’ai postulé et j’ai été recruté. Je remercie Jean-Michel Renu, 1er adjoint au maire à l’époque chargé de la culture. Il est le père fondateur d’Humour et eau salée qui a été d’ailleurs le premier nom de CREA.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce poste ?

Principalement de travailler à l’échelle d’une commune, chose que je faisais au sein du Carel où j’avais inventé le festival Musiques et gastronomie du Monde que j’ai importé à CREA et que je compte bien organiser ailleurs en 2016. Travailler au niveau d’une commune et en toute confiance, c’était très motivant. A ma grande surprise, je suis resté 18 ans.

Pourquoi à votre grande surprise ?

Parce que j’avais plus l’habitude de faire des cycles de huit ans dans ma carrière. Finalement, j’ai signé ici une des plus grandes pages de ma vie professionnelle.

Quels sont les faits marquants de ces 18 années ?

Tout d’abord, je dirais tout le temps et l’énergie consacrés à faire grandir une structure qui n’existait pas ailleurs. Il fallait faire vivre dans un même lieu des spectacles vivants et un cinéma d’art et essai. Tout cela reposait sur un travail d’auteurs, qu’ils soient de théâtre, de cirque, de cinéma… C’est ce qui m’a motivé. Je pourrais aussi citer les 200 adhérents qui sont passés à 2 000 en l’espace de 15 ans, mais aussi les huit salariés. Aujourd’hui, la culture, si elle trouve son public, génère de l’emploi, de l’économie et un aspect de vivre ensemble qu’il faut aujourd’hui plus que jamais respecter. C’est une vraie valeur ajoutée pour une collectivité d’avoir une structure culturelle professionnelle.

Quel est votre plus beau souvenir ?

Pendant un festival Humour et eau salée, Christelle Chollet, en sortant de scène de son spectacle l’EmPIAFéé, est tombée dans mes bras en pleurs. En se tournant vers son public elle m’a dit : «Je ne vais plus les voir pendant plusieurs mois.» Enceinte, elle devait, en effet, faire une pause. C’était bien de partager ce moment d’émotion. Il y a aussi le fait d’avoir accueilli, quelques mois avant sa disparition, Allain Leprest. C’était bon de passer du temps avec lui. Il y a enfin le fait d’avoir révélé un grand nombre d’artistes comme Florence Foresti, Stéphane Rousseau, Thomas Dutronc… Des gens que j’ai sentis et pressentis. C’est ça la profession, avoir du flair. C’est une telle satisfaction professionnelle.

Mais finalement, ma plus grande satisfaction professionnelle, c’est d’avoir fidélisé le public.

Le seul que vous n’avez pas fidélisé semble être le maire, Jean-Marc Bouffard. Vos rapports n’ont jamais été cordiaux. Est-ce parce que vous êtes un produit «Renu» ou juste une question d’hommes ?

J’ai fait l’objet de critiques ouvertes dans la presse,  dans les commentaires sur le site de Sud-Ouest, dans des courriers de personnes qui se cachaient derrière des pseudos à partir de 2008. Chacun fera donc la relation directe avec l’arrivée d’Emergence dans la vie politique saint-georgeaise. Les critiques n’ont jamais arrêté de 2008 à aujourd’hui. J’ai d’ailleurs gagné un procès en diffamation. Au final, on me reprochait de faire mon boulot.

A partir du 1er janvier, vous allez prendre la direction du service culturel du Département. Vous avez décidé de partir ou on vous a un peu poussé vers la sortie ?

Je ne serais pas parti si je n’avais pas eu à remplir ma mission, depuis plusieurs années, dans un climat délétère. Mais c’est ma décision. Je pars parce que le Département me propose de mettre mes compétences au service du territoire. Même si je ne suis pas carriériste, c’est la suite logique de ma carrière. Souvent, il faut être au bon moment,  au bon endroit. C’est le cas ici avec un poste qui se libérait et la loi NOTRe qui permet aux Départements de conserver la compétence culture. J’ai cherché à partir, ai proposé mes services à divers endroits et il se trouve que ma candidature est tombée au moment où un poste se libérait. Par contre, je ne vais plus être programmateur mais je vais gérer des dossiers liés à la culture et à la vie culturelle.

Que souhaitez-vous pour CREA ? Allez-vous adhérer à l’association ? 

Je lui souhaite de continuer à donner du plaisir au public. J’adhérerai à l’association en fonction de la proposition artistique. Le maire a promis de donner plus de subventions pour embaucher une personne pour me succéder. Il appartiendra à cette personne de me donner l’envie d’adhérer ou non à l’association. En tout cas, je souhaite dire un grand merci au public, aux artistes qui m’ont permis d’avoir cette grande plage professionnelle très enrichissante pendant 18 ans. On peut bien proposer le plus beau programme, si le public n’est pas en face, c’est raté. 

Par contre, je ne remercie pas ceux qui ont fait que l’absence de dialogue et de concertation ne me permettait plus de remplir ma mission en toute sérénité. 

 

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