Didier Quentin : «Rester au service de ma ville»
Neuf ans et puis s’en va. Didier Quentin a préféré son rôle de député à celui de maire qu’il avait endossé, en 2008, en succédant à Henri Le Gueut, qui, de partenaire, était rapidement devenu son ennemi juré. Car le mandat fut loin d’être un long fleuve tranquille. Démissions qui ont conduit à l’organisation d’un nouveau scrutin, condamnation pour prise illégale d’intérêt, scission, il y a quelques mois, au sein de sa propre majorité… Bilan.
La Côte de Beauté - Quel a été votre sentiment, le 10 juillet, au moment de laisser votre fauteuil de maire ?
Didier Quentin, député - Un sentiment mélangé. A la fois la satisfaction de voir que le successeur que j’avais choisi, qui s’est montré d’une fidélité, d’une loyauté et d’une efficacité remarquables, pendant plus de trois ans, a été élu avec une nette majorité, sans même des candidats qui s’opposent à lui. Mais, je ne cache pas que sur un plan personnel c’est assez déchirant. La relation entre un maire et sa ville, d’autant plus lorsque c’est sa ville natale et qu’il y a un ancrage familial fort, est très forte.
Psychologiquement, c’est assez dur même si ça passe vite et que l’activité parlementaire m’occupe déjà beaucoup. Et je compte bien rester au service de la ville.
En tant que conseiller municipal donc…
Oui, je serai simple conseiller municipal. Je ne veux surtout pas gêner l’action de mon successeur. Je lui laisse bien évidemment les coudées franches mais cela ne m’interdit pas d’être au service de ma ville. Si je peux être utile pour développer ou débloquer un certain nombre de dossiers où il peut être utile d’avoir un député avec son expérience et ses relations à Paris ou ailleurs, alors je suis là. C’est mon état d’esprit.
Pourquoi avoir choisi Patrick Marengo pour vous succéder ? N’aviez-vous pas dans votre équipe des fidèles capables d’assurer cette fonction ?
Il y avait, certes, beaucoup de fidèles, d’hommes et de femmes compétents mais c’est lui qui a occupé, ces trois dernières années, le poste de premier adjoint. Il a montré des qualités de gestionnaire, de visionnaire. Il a un leadership naturel. Il est le mieux armé pour occuper cette fonction, et cela ne diminue en aucun cas les mérites des uns ou des autres. Et puis il y a certes le maire mais c’est aussi le travail d’une équipe.
Le choix de son premier adjoint ne m’a pas surpris car il a su gérer les importants dossiers qui lui avaient été confiés ces dernières années. Et puis il faut un certain renouvellement.
Votre mandat n’a pas été de tout repos avec un retour aux urnes en cours de mandat, une condamnation pour prise illégale d’intérêt, une scission au sein de votre majorité.
La mandature de maire n’est jamais un long fleuve tranquille. L’histoire de 2009 était un complot pur et simple monté par l’ancien maire et l’ancien directeur général des services. Concernant la condamnation, je maintiens que c’était un piège. Je n’ai pas reçu un centime d’euro dans cette affaire. Au contraire ! Il y a eu une condamnation du fait d’un complot. Cela a été une tentative de déstabilisation. J’ai provoqué une nouvelle élection que j’ai remportée dès le premier tour.
La scission qui a eu lieu ces derniers mois finalement n’a conduit à rien. Ces cinq personnes, qui ont rallié l’opposition, se sont fait élire sur ma liste. J’ai la prétention de dire que si elles n’avaient pas été sur ma liste elles n’auraient pas été élues. Elles avaient un devoir de solidarité. C’est un peu facile d’être dans l’équipe quand les choses vont bien et de partir quand c’est plus difficile. Elles n’étaient pas d’accord pour la hausse des impôts nécessaire du fait de la baisse des dotations de l’Etat. J’attendais de la solidarité d’autant que cela ne venait pas de nous.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Ce sont les témoignages de sympathie, d’affection de la part de beaucoup de personnes qui souhaitaient que je reste maire de la ville. La loi est ce qu’elle est mais je la trouve ridicule. Les mandats de maire et de député sont parfaitement complémentaires. On risque d’avoir des parlementaires «hors sol», coupés des réalités du terrain.
J’ai essayé pendant toutes ces années d’être un maire actif, assidu et accessible. C’est extrêmement prenant mais je crois que j’ai eu des satisfactions. Je vais faire mon bilan en temps voulu mais je peux tout de même citer l’allègement de la dette de la ville, les grands travaux lancés, les labels que la ville a obtenus, les nouvelles manifestations, les logements sociaux… J’ai beaucoup de choses à faire valoir.
Quel va être le rôle de votre épouse qui est votre attachée parlementaire ?
Le 12 juillet, le Sénat a voté contre cette partie du texte interdisant aux membres de la famille d’occuper des fonctions de collaborateurs.
Nombre de députés ou de sénateurs emploient des membres de leur famille. Cela ne m’a jamais choqué. Ce qui peut l’être c’est si les collaborateurs ne remplissent pas leur fonction. Mais dans le cas de ma femme, jamais personne n’a contesté le fait qu’elle était une collaboratrice présente sur le terrain, à la permanence et lors des manifestations. A telle enseigne qu’elle a fini par être élue.
Jusqu’à ce que la loi soit votée – moi-même je la voterai – elle restera à mes côtés.
Même chose pour la réserve parlementaire. Certains disent que le député peut en faire ce qu’il en veut. C’est faux. J’ai toujours fait en sorte de la répartir dans les petites communes uniquement pour des actions d’équipement. Pour l’attribuer il faut remplir des dossiers. Ce n’est pas à la discrétion du député. Et puis on pourrait bien appliquer la transparence à nombre d’autres professions ou organismes.
Décembre/Janvier 2023
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