Histoire - N°86 - Janvier/Février 2007

Fernand Braun, photographe de Royan à la Belle Epoque

Le photographe Fernand Braun a édité plus de 4 000 cartes postales de la région de Royan à la Belle Epoque, des clichés originaux révélant à la fois un véritable artiste et un homme engagé pour la République.

 

Pendant vingt ans, entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre Mondiale, il a photographié les paysages, les monuments, les habitants de la Saintonge maritime, depuis Royan jusqu’à Marennes, Oléron et Saintes. Ses cartes postales sont aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs. « Les images de Fernand Braun sont remarquables par leur grande qualité esthétique en même temps que par les thèmes qu’elles mettent en scène, où l’Homme tient une place centrale», explique l’historien Benjamin Caillaud, qui consacre à la vie et à l’œuvre du photographe sa thèse de doctorat à la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines de l’Université de La Rochelle. 

Fernand Braun n’est pas charentais d’origine. Il est né en Alsace en 1852, dans une riche famille d’industriels de la photographie. Son oncle, Adolphe Braun, dirige une maison d’édition de dimension internationale, avec des bureaux à Paris et à Londres. C’est un photographe célèbre, il est ainsi le portraitiste officiel du pape, il est également le photographe attitré de tous les grands musées européens et nord-américains. C’est au sein de la maison Braun que le jeune Fernand s’initie au métier.

Quand la guerre éclate en 1870, entraînant la chute de l’Empire, Fernand Braun se forge une conscience républicaine. Quelques années plus tard, il fuit l’Alsace occupée par les Prussiens et se fixe en Charente où il passera une quinzaine d’années. Au début du XXe siècle, il s’installe à Royan, où il ouvre un atelier de portraits en centre-ville. Il s’introduit rapidement dans le cercle des élites républicaines locales, auprès desquelles il s’engage dans le combat social et politique, et il se lance dans l’édition de cartes postales. «Même s’il acquiert, grâce à ce commerce, aisance et reconnaissance, Fernand Braun demeure avant tout un artiste photographe, travaillant avec soin ses images – le thème, le graphisme, le cadrage –, et un homme engagé dans sa vie comme dans son métier, qui utilise la carte postale comme un outil au service de la culture, du savoir et de la République, poursuit Benjamin Caillaud. Il place l’humain au cœur de ses images, en particulier les enfants, qui représentent pour lui l’espérance en l’avenir. Il photographie des hommes, des femmes, des enfants, des soldats, des hommes politiques, des banquets républicains. Il édite également des séries illustrant, légendes à l’appui, les progrès des sciences et des techniques. En même temps, en parallèle à son activité de photographe, il s’investit beaucoup dans l’action sociale et culturelle, en particulier en direction des enfants.» Fernand Braun s’intéresse aux enfants pauvres, aux enfants malades. Il donne des conférences pour faire découvrir aux jeunes gens les paysages du monde, au travers des images qu’il a rapportées de ses voyages. «C’est un vrai humaniste», insiste Benjamin Caillaud. Fernand Braun est un pragmatique. Militant de la cause sociale, il évolue en même temps avec aisance dans le cercle huppé des élites républicaines bourgeoises. Royan est à l’époque, sous l’impulsion de son maire Frédéric Garnier, une ville très dynamique, une station balnéaire en plein essor. Le photographe réalise de très nombreux clichés de la vie balnéaire, de ses festivités et mondanités : jeux de plage, réceptions, casinos, grands hôtels et villas de front de mer.

Fernand Braun s’est éteint en 1948, presque centenaire : sa villa et toutes ses œuvres ont disparu en 1945 sous les bombardements alliés. «De ses clichés originaux, il subsiste à peine quelques dizaines de pièces, dispersées chez des particuliers, précise Benjamin Caillaud. Fernand Braun nous a laissé également des milliers de cartes postales, conservées dans les archives publiques, et surtout dans des collections privées. Mon objectif dans un premier temps, c’est de constituer un catalogue d’images pour faire connaître ce photographe et découvrir le Royan de la Belle Epoque. Je continue également cette année mes recherches sur le personnage, avec le concours du Conseil général de la Charente-Maritime, afin de mieux appréhender sa manière si particulière de construire les images.»


Benjamin Caillaud est né en 1979 en Charente-Maritime. Chercheur en histoire contemporaine, il pratique également la photographie. Influencé par l’Ecole humaniste et actif dans le milieu associatif, il utilise le noir et blanc, travaille ses images d’un point de vue esthétique et graphique, et photographie l’homme dans son quotidien, dans son espace urbain, les mouvements sociaux, les manifestations, les grands rassemblements altermondialistes européens. Benjamin Caillaud a déjà présenté sur ces thèmes plusieurs expositions depuis 1998, en région, en France et à travers l’Europe. Il invite les personnes possédant des documents ou des témoignages relatifs à Fernand Braun à prendre contact avec lui. Il se fera un plaisir de consulter et d’évaluer leurs documents.

Contact : benjamin.caillaud@univ-lr.fr

Commentaires des internautes
jean-bernard - le 24/04/2021 à 21:05
Je viens de retrouver une photo d'un couple photogra phié par Fernand BRAUN (rue Gambetta ROYAN) il n'y a pas de date
Celà peut-il vous être utile ?
cordialement
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