Henri Le Gueut : «Tout est enrichissant dans la fonction»
Elu municipal depuis 40 ans, Henri Le Gueut est maire de Royan depuis avril suite au départ de Philippe Most pour raisons de santé. Il a promis de lui céder sa place à son retour, mais en attendant il s'est installé dans le fauteuil de maire avec un certain plaisir sans perdre de vue le contact avec la population qu'il reçoit en tête à tête.
La Côte de Beauté – Habituellement, le vote du budget a lieu au mois de mars. Le budget 2007 a été voté le 29 décembre dernier. Pour quelles raisons ?
Henri Le Gueut, maire de Royan – Il s’agit d’une volonté de ma part pour permettre de débloquer rapidement les investissements et ainsi gagner du temps. Depuis deux ou trois mois nous travaillons avec les services de la ville en amont pour que les dossiers soient préparés. Ainsi dès le début de cette année, les chantiers vont pouvoir être lancés sans que nous ayons à attendre.
CB – De quels chantiers s’agit-il ?
Henri Le Gueut – Le premier d’entre eux est celui de la voirie qui est chiffré à 9 millions d’euros. Dès janvier, des chantiers de rénovation vont être lancés dans divers secteurs de la ville. Il s’agit également de la reconversion du palais des congrès qui est chiffrée à 11,5 millions d’euros. Quatre architectes ont été choisis pour qu’ils nous présentent d’ici quelques mois un projet. Les travaux devraient commencer d’ici la fin de l’année.
CB – Quel est l’avenir pour ce bâtiment ?
Henri Le Gueut – Ce bâtiment avait vieilli et n’était plus aux normes actuelles notamment en matière de chauffage. De plus, la salle de spectacle était elle aussi obsolète. Notre idée est donc de réaliser une salle de théâtre pouvant accueillir 500 personnes. Il faut que les artistes puissent travailler dans de bonnes conditions et il faut se donner les moyens de les recevoir. Nous ne misons pas sur l’animation, d’autres communes le font très bien. Nous restons axés sur le théâtre car nous avons une demande dans ce sens.
Bien évidemment il y aura toujours des salles pour les congrès et les réunions. Il s’agit là d’un projet important qui va nécessiter 18 mois de travaux. Le palais des congrès est un endroit sensible sur lequel nous ne pouvons pas faire n’importe quoi, c’est pour cette raison que nous avons une commission composée de divers experts chargés de choisir un projet. Nous avons des contraintes architecturales auxquelles nous devrons nous plier.
CB – Quels sont les autres projets pour l’année ?
Henri Le Gueut – Après la voirie et la culture, nous avons également pensé aux jeunes avec la construction d’une salle polyvalente de 500 places à proximité du lycée Cordouan. Cette réalisation est estimée à plus de 3 millions d’euros. Nous comptons également restaurer l'ancien Timy dans le quartier Marne-l’Yeuse pour en faire une salle dédiée aux arts martiaux ainsi qu'une maison des sports et de l'amitié. Une enveloppe de 1,650 million d’euros est prévue. Ces travaux devraient être lancés dans le courant de l’année. Ce quartier est actuellement en pleine reconversion avec la réfection de 60 logements.
CB – Que comptez-vous faire pour le logement, notamment pour les jeunes ménages aux revenus modestes ?
Henri Le Gueut – C’est, en effet, une de nos préoccupations. Dans le cadre de la révision du plan local d’urbanisme (PLU), nous essayons de créer des logements à loyer modeste. D’une manière générale, nous ne touchons pas, dans cette révision, à l’aspect général des documents d’urbanisme existants. Cependant comme nous ne disposions pas de beaucoup de réserves foncières nous allons augmenter la hauteur des bâtiments. L’objectif est de créer, dans la ville, entre 400 et 500 logements. Sous le contrôle des Bâtiments de France, nous augmenterons les étages pour arriver à quatre maximum. C’est une obligation pour nous de loger les jeunes ménages pour maintenir la richesse dans la ville mais aussi pour conserver nos écoles.
CB – La ville a encore été victime cet été d’importantes inondations. Le budget 2007 en tient- il compte ?
Henri Le Gueut – Comme je l’ai promis lors de ces intempéries nous allons travailler sur ce dossier pour lequel nous avons budgété 4,8 millions d’euros. Un bassin de rétention est prévu au-dessus du marché et des petits bassins supplémentaires un peu partout dans la commune.
CB – Qu’en est-il de la réfection du boulevard Garnier ?
Henri Le Gueut – Les techniciens de la commune et l’association des Amis du parc travaillent ensemble sur ce dossier. Le projet sera assez simple. Il faut faire en sorte de partager l’espace entre les piétons, les cyclistes et les automobilistes. Il faudra que la ville de Saint-Georges participe à cette opération.
CB – M. Huggendobler, votre premier adjoint, s’est vu retirer sa délégation de vice-président à la communauté d’agglomération Royan Atlantique. Qu’en pensez-vous ?
Henri Le Gueut – C’est regrettable.
M. Huggendobler fait partie d’une commission qui n’a
pas eu le droit de donner son avis. Cette exclusion n’est pas
une façon de faire, je suis solidaire avec mon adjoint
à 200%. Je pense réunir mon conseil municipal
début janvier pour avoir son avis. Dans ce dossier, il y a
le fond et la forme qui n’est pas bonne. Un rapport a
été fait sur les différentes
sociétés qui postulaient pour le marché de
ramassage des ordures ménagères. Une
société a été évincée
alors que les conclusions de ce rapport n’ont pas
été connues. Je me demande pourquoi ?
Ceci dit, je n’ai aucun problème particulier avec le président de la communauté d'agglomération et je n’ai aucune visée sur la CdA. J’ai assez de travail avec la commune de Royan, c’est mon seul but. Je ne me sens pas capable de faire les deux.
CB – Votre prédécesseur à la mairie, Philippe Most, assumait les deux fonctions.
Henri Le Gueut – Il était peut-être meil-leur que moi.
CB – Philippe Most a annoncé qu'il s'éloignait de la vie politique pendant quelques mois et qu'il comptait revenir. Quelle sera alors votre attitude ?
Henri Le Gueut – J’ai toujours dit que si Philippe Most voulait revenir il aurait sa place, je ne reviendrai pas sur ma parole. Mais pour l’instant, je suis le maire de Royan.
CB – Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Henri Le Gueut – Je suis élu depuis 40 ans. J’étais le second de Philippe Most, toujours fidèle. C’est lui qui dirigeait, qui avait la responsabilité, maintenant c’est moi et j’ai plus de travail. Je ne veux pas décevoir les citoyens et je fais mon travail dans ce but, à temps plein, quelquefois fatigué, mais en pleine forme. Je travaille plus d’autant que j’ai mis en place des entretiens sans rendez-vous avec la population.
CB – Un grand changement de style par rapport à votre prédécesseur. Quels sont les principaux sujets de ces entretiens ?
Henri Le Gueut – La population veut avant toute chose discuter avec le maire. C’est très intéressant. Cela me permet également de voir comment fonctionne la ville de plus près. Il arrive quelquefois aux élus d’être trop administratif, d’être coupé de certaines réalités. Avec ces entretiens, je suis au parfum des problèmes et c’est soutenu. Je passe d’une personne qui cherche un emploi à une autre qui voudrait un logement ou bien encore à une autre qui a un problème avec un permis de construire. Je reçois les personnes seul et j’essaie d’apporter des réponses. Tout est enrichissant dans la fonction. Si je suis là, c’est que j’ai trouvé que la vie publique était enrichissante. Si j’ai la santé je vais continuer. Cela a été ma vie et cela continue avec plus de responsabilités.