Nature - N°186 - Octobre/Novembre 2023

La cétoine dorée

Souvent appelée « hanneton des roses » car elle affectionne les rosiers, la cétoine dorée est un petit coléoptère de la famille des scarabéidés pouvant mesurer de 15 et 25 mm à taille adulte.

Polychromatique, le large corps de Cetonia aurata présente des couleurs métalliques vives, généralement vert avec des taches blanches formant plus ou moins des lignes sur la partie basse des élytres. Ces derniers sont soudés le long de son dos, et se soulèvent légèrement pour déployer ses ailes, contrairement à d’autres insectes tels que les coccinelles dont les élytres sont soudés en haut du dos et s’écartent en même temps que les ailes pendant le vol. Cette particularité de la cétoine dorée lui permet de pratiquer un vol long et rapide. Elle peut ainsi faire plusieurs kilomètres pour se nourrir ou se reproduire.

Dimorphisme sexuel

Il n’existe pas de dimorphisme sexuel marqué chez la cétoine dorée. La taille n’est pas déterminante dans la distinction mâle/femelle. Seule différence notable : le mâle présente une sorte de fente ombilicale nette sur l’abdomen, lui permettant de « s’emboîter » avec la femelle lors de l’accouplement, un peu comme chez les tortues !

Où et quand l’observer ?

Héliophile, l’adulte hiverne et apparait dans nos jardins à partir d’avril, avec la survenue des premières chaleurs. L’hivernation débute une fois l’automne installé. Diurne et floricole, ce coléoptère se rencontre le plus fréquemment sur les fleurs blanches d’arbustes (sureau, aubépine…) et les inflorescences d’apiacées (anciennement nommées ombellifères), sur les chardons, sur les fruits mûrs, sur les plaies des arbres et sur les fleurs de l’églantier (rosier sauvage) bien sûr !

Un cycle biologique très particulier…

Les pontes se déroulent aux mois de mai et juin, et les larves naissent à la fin du printemps ou durant les premiers jours de l’été. La larve est blanche, courbée, molle, avec un large corps, une petite tête et de petites pattes. Elle se développe dans les accumulations de matière organique d’origine végétale : composts, tas de feuilles ; terreau et bois décomposé des cavités d’arbres feuillus. C’est une espèce saproxylique : elle vit une partie de son cycle de croissance au contact du bois mort dont elle se nourrit et qu’elle transforme en humus. Lorsque la larve a bien mangé, on peut voir par transparence la matière organique noirâtre présente dans son abdomen.

Le développement larvaire de la cétoine dorée s’étale sur deux ou trois ans, période durant laquelle elle va devoir survivre à la prédation. Pour les pics, taupes et musaraignes, cette larve est une aubaine ! 

Une fois arrivée à maturité, la cétoine dorée va se métamorphoser. La larve va former une loge nymphale (sorte de coque protectrice à base de bois mort, de terreau et de crottes) dans laquelle elle va passer au stade nymphal en quelques semaines. En fin d’été, l’adulte complètement formé émerge de sa coque mais sans couleur ni rigidité. Il faudra alors 48 heures à la cétoine dorée pour se pigmenter et se rigidifier, et ainsi arborer sa carapace colorée ! 

Sur une année, plusieurs générations de coléoptères adultes vont sortir. Une première au printemps pour se nourrir des étamines des fleurs et se reproduire. En juin, les femelles de cette première génération vont pondre et mourir quelques jours plus tard. Une deuxième génération sort à l’automne pour se nourrir de fruits, se reproduire et ensuite hiverner sous terre ou sous des amas de bois et/ou de feuilles mortes.

Une larve bien utile au potager malgré sa mauvaise réputation !

La cétoine dorée tient sa réputation de nuisible pour deux raisons. Friande de pollen, la cétoine dorée « farfouille » dans les étamines, qu’elle froisse avec ses pattes puissantes armées de crochets, stérilisant ainsi les fleurs. Sa larve peut être confondue avec celle du hanneton, haïe des jardiniers, car elle se nourrit abondamment des racines des fruits et légumes. Les adultes se nourrissent des parties aériennes.

La larve de la cétoine dorée ne fait pas de dégâts comparables. Elle se nourrit, tout comme la larve du lucane cerf-volant, de bois mort, en cours de décomposition. Son appétence pour les déchets végétaux et les matières organiques en décomposition fait d’elle une championne du compost, où elle ne manque d’ailleurs pas de s’installer.

Identifier la larve de cétoine dorée

Les larves participent à la fabrication de l’humus et du compost. Il est donc important de savoir distinguer une larve de cétoine dorée d’une larve de hanneton.

La différence est finalement assez nette. La larve du hanneton possède des mandibules qui lui font une grosse tête. Ses pattes sont aussi bien développées et apparentes. Chez la larve de cétoine dorée, pas de mandibules, ce qui lui fait une tête plus petite que le bout du corps, plus volumineux. Les pattes sont petites et nettement moins visibles. 

Protéger la larve de cétoine dorée

Il est conseillé d’enlever (mais pas de tuer) les larves de cétoine dorée lors de l’utilisation du compost pour un rempotage, ou lors de l’aménagement de potées ou de jardinières. Il s’agit d’une précaution visant à préserver l’insecte, au cas où les larves seraient trop nombreuses proportionnellement à la taille des pots et où la matière les nourrissant viendrait à manquer.

N’ayez rien à craindre de cette larve ! Elle n’a ni dard ni crochet, seulement quelques mandibules, trop petites pour vous mordre. Toutefois, ne la manipulez pas trop, afin d’éviter de rompre son cycle biologique. Amis jardiniers, si vous la déterrez par inadvertance, remettez-la immédiatement dans un amas de terre avec du bois mort ou près d’une souche.

Photo © CPIE MO


Le saviez-vous ?

Cette espèce commune est présente depuis des temps très anciens sur plusieurs sites de l’île d’Oléron. Des cétoines dorées fossilisées ont, en effet, été découvertes dans des couches du paléolithique ancien : à Ors, à l’Écuissère, à la Perroche et à Ponthezière (Saint-Georges-d’Oléron).


Pour en savoir plus :

MNHN & OFB. 2003-2023. Fiche de cetonia aurata (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/10992

Société française d’orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée (SFO PVC). Insectes coléoptères - La cétoine dorée (Cetonia aurata) : www.orchidee-poitou-charentes.org/spip.php?article1407

Animaux mode d’emploi (AMDE). 2020. Tout savoir sur la cétoine dorée. Vidéo. 14min10 : www.youtube.com/watch?v=4any5L7IREk (ci-dessous)


Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron 

05 46 47 61 85 - 111 route du Douhet - 17840 La Brée-les-Bains - www.iodde.org

Avec le soutien de naturalistes locaux Francine Fevre et Jacques Pigeot 


 

 

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