Histoire - N°109 - Novembre/Décembre 2010
Le golf à Taupignac (suite)
En 1923, la
société du golf milite afin de réunir les
capitaux suffisants et convaincre les souscripteurs de
l'intérêt que peut apporter la réalisation d'un
terrain de golf pour le développement touristique haut de
gamme de la station balnéaire de Royan. Deux ans plus tard,
les premiers golfeurs jouent sur le terrain de Taupignac,
situé sur la commune de Breuillet. Il faudra encore attendre
quatre années pour que le golf de Royan-Pontaillac dispose
d'un parcours de 18 trous.
La question de la réalisation d'un golf à Royan est primordiale pour le développement de la station balnéaire comme le résume parfaitement un golfeur dans une lettre adressée au Journal de Royan en août 1923 indiquant «la nécessité qu'il y a pour Royan à avoir le plus rapidement possible un golf bien installé. Dans deux ou trois ans, toutes les stations balnéaires ou thermales auront leurs terrains de golf et la clientèle riche et élégante ira là ou elle sera à même de satisfaire son goût pour ce sport et les stations où il n'y aura pas de golf seront délaissées peu à peu». Après deux années de travail pour réunir les fonds nécessaires à la construction d'un golf à Taupignac, l'été 1925 s'annonce sous les meilleurs auspices pour l'ouverture du parcours. De nombreux golfeurs n'attendent que le feu vert pour se ruer sur le terrain. En juin 1925, Daniel Hedde, membre du Comité du golf, rapporte que «les meilleures nouvelles nous parviennent de certains hôtels où nombre de golfeurs venus de Cannes, de Belgique et du Nord ont prudemment retenu leurs chambres à l'avance… Ceci n'est toutefois qu'un début et laisse présager l'afflux de joueurs qui se produira lorsque le golf de Taupignac aura pu être apprécié et quand, en possession de ses 18 trous, il verra se disputer sur ses parcours les grands championnats internationaux». Le 20 juillet 1925, l'autorisation de jouer sur le parcours est délivrée. Albert Grassiat, professeur au Golf Club de Biarritz, prend ses nouvelles fonctions de professeur du golf de Royan. Le club house est presque terminé ainsi que le salon de thé - restaurant. Le parcours n'est pas entièrement complet car il est alors uniquement composé de 9 trous. La société du golf souhaite rapidement réaliser le grand golf de 18 trous de 6 000 mètres et qu'ainsi «le golf de Royan sera l'un des trois golfs de stations balnéaires se trouvant dans les limites réglementaires pour que puissent s'y disputer les grands championnats internationaux».
Le golf de Taupignac n'est pas uniquement un parcours pour les amateurs de ce sport. C'est un véritable complexe sportif car un stand de tir aux pigeons, activité très prisée de la bourgeoisie et de l'aristocratie, est aménagé sur les terrains ainsi que des courts de tennis. Le restaurant - salon de thé est un lieu de rencontre pour la clientèle aisée de la station balnéaire de Royan où elle peut se réunir et partager entre pairs les mêmes loisirs. La première saison semble donner satisfaction aux joueurs de golf et devient le lieu de rendez-vous espéré des classes aisées. «Le golf de son côté voit les joueurs venir, chaque jour, plus nombreux sur ses parcours. Il n'est pas douteux que l'exécution très soignée des greens et des pistes a été extrêmement appréciée des sportsmen et que l'impression générale ressentie par tous les visiteurs a été très nettement favorable. Et chacun sait combien le golf est difficile. Chaque jour, l'heure du thé, dans le ravissant cadre des jardins et des futaies, rassemble une élégante et sélect assistance et le soir arrive vite dans l'enchantement des yeux au milieu d'exquis papotages. Un des évenements mondains de la saison sera certainement le thé dansant organisé par le Country Club au restaurant-salon de thé du club au profit des soldats blessés du Maroc .[…]
Un essaim de gracieuses jeunes femmes et jeunes filles de la haute société balnéaire assurera le service du salon de thé qui sera trop petit pour contenir l'affluence des généreux consommateurs désireux de contribuer à une œuvre patriotique» peut-on lire dans le Journal de Royan du 16 août 1925.
A partir de la saison suivante, une grande fête est organisée au mois d'août pour clôturer la saison estivale. La première est une fête de la chasse au faucon dans le domaine de Taupignac. «Toute la haute colonie étrangère s'était donné rendez-vous sur le parcours, apportant un cachet de suprême élégance à une fête qui devait faire revivre la beauté d'un sport depuis longtemps oublié en France.» Un fauconnier présente des faucons pèlerins et des autours coquettement chaperonnés qui font une démonstration de vols et de prises. Ce formidable succès est dû à l'initiative de la Société du golf désormais appelé le Country club de Saintonge. Il est présidé par le comte d'Espierre qui a «organisé d'impeccable façon cette somptueuse fête du sport, de l'art et de l'élégance». Cette phrase résume à elle seule le programme et l'objectif à atteindre des membres fondateurs de la Société du golf. En août 1927, deux journées de courses de lévriers se déroulent au golf avec des courses plates et en obstacles.«Il est vrai que ces grandes manifestations d'élégance et mondanité ont trouvé dans le splendide domaine de la Société du golf le cadre qui leur convient. Dans ce coin privilégié de notre Saintonge d'intelligentes initiatives ont achevé de donner à ce princier décor un cachet d'incomparable élégance et d'harmonieuse beauté. Ce fut un régal des yeux de voir évoluer sous les hautes frondaisons des futaies opulentes comme parmi les dahlias géants et les roses trémières du jardin à la française, tant d'exquises toilettes aux tons infiniment variés et nuancés. Toute la haute colonie balnéaire s'était donné rendez-vous à Taupignac», indique le Journal de Royan dans son compte-rendu de l'évènement.
En 1927, les sportifs golfeurs ne sont pas oubliés. Le service de ramassage du car automobile de neufs places, mis en place dès 1925, qui assure la liaison entre Royan et le golf s'améliore. Il dessert dorénavant le boulevard Garnier et de la Grandière, les rues de la République, Gambetta, boulevard Thiers et l'avenue de Pontaillac. Des compétitions sont programmées de juin à novembre, tous les samedis pour les dames et le dimanche pour les hommes. L'année 1927 voit le premier match interclubs qui se déroule en août contre le club de Bordeaux. Après deux années d'activités, Daniel Hedde se félicite du succès rencontré. «Après l'expérience de la saison 1927, je pense que même ceux qui ont le plus violemment et systématiquement combattu le projet de Taupignac, il y a quatre ou cinq ans, doivent se rendre à l'évidence […] Le golf est une œuvre collective. Nous ne pouvions rien les uns sans les autres. Et s'il nous est possible aujourd'hui de contempler avec sérénité les résultats acquis, c'est parce que nous avons été plusieurs à nous atteler à la tache.» Il rend ainsi hommage aux principaux artisans du projet : le président de la Société du golf, le comte d'Espierre, les vice-présidents, M. Firino-Martell, R. Lacroix, E. Loreilhe. Le Comité du golf est quant à lui composé de Mme Allenet, Mme Poinsignon, L. Basalo, R. Bethmont, D. Hedde, L. Lehmann, G. Roullet, P. Veillon et P. Verneuil. Le temps est alors venu de doter le golf des 9 trous supplémentaires.
Au cours de la réunion du 28 août 1927, le conseil d'administration de la Société du golf décide d'appeler la dernière tranche de 120 000 francs pour l'augmentation de capital. Le capital de la Société du golf est ainsi porté de 480 000 francs à 600 000 francs. «Le but de ce nouvel appel de fonds est de créer, pour la saison 1928, les 9 derniers trous dont l'aménagement a été reconnu indispensable pour parer à tous les besoins de l'avenir. L'affluence des joueurs, au cours de la présente saison, a en effet été telle qu'il a été reconnu indispensable de créer des nouveaux links, et la qualité des 9 premiers trous ayant été unanimement reconnue par tous les sportsmen qui sont venus à Taupignac, il y a lieu de penser que, lorsque le grand golf de 18 trous sera réalisé, les progrès déjà constatés iront en s'accentuant d'une façon plus nette et plus intéressante encore.» Les plans du nouveau parcours sont établis en octobre 1927, comme le précédent, par MM. Colt, Alison et Martin, architectes des golfs les plus réputés d'Angleterre. A l'automne, les travaux sont d'ores et déjà commencés et sont programmés avec plus d'envergure lorsque, les vendanges terminées, il sera possible de se procurer la main d'œuvre nécessaire. Une annonce est affichée à ce sujet : «On embauche, dès maintenant, des hommes pour le terrassement et le défrichage et des femmes pour le dépierrage.» En décembre, «le vaillant tracteur Fordson a terminé les labours des dix hectares de parcours, après avoir assuré avec succès en certains endroits, un dur travail de dessouchage d'ajoncs. Les 1 600 mètres de tuyaux de fonte devant servir à la canalisation d'eau sont arrivés sur les lieux et seront incessamment mis en place dans les tranchées qui sont déjà préparées. Signalons enfin qu'un troupeau de plus de 50 moutons évolue sur l'immense pacage que représentent les parcours. Ce bétail ovin est d'ailleurs destiné, vraisemblablement, à s'augmenter notablement dans l'avenir. Ainsi se trouve assurée au point de vue agricole l'utilisation de ce grand domaine consacré aux sports.»
En juillet 1928, les neufs trous créés l'hiver dernier n'ont pu être livrés aux joueurs, en raison du retard apporté aux semailles par les intempéries continues de l'hiver et du développement insuffisant du gazon dû à la sécheresse persistante de l'été. Il faut alors attendre l'été 1929 pour que les 18 trous du golf de Taupignac soient enfin accessibles aux joueurs. Le dimanche 21 juillet 1929 a lieu le grand prix d'ouverture du parcours de 18 trous au golf de Royan-Pontaillac. Le golf de Taupignac situé sur la commune de Breuillet laisse place à son nom commercial de golf de Royan-Pontaillac pour être «le rendez-vous de toute la colonie mondaine de la station» comme le décrivent les dépliants publicitaires. Dans les années 30, le golf de Royan-Pontaillac fait partie de la coupe d'été du journal Le Figaro. Le journal du 6 août 1939 publie une photo de quelques concurrents de la coupe-challenge au Country Club de Saintonge. De nouveaux divertissements sont proposés tout au long de l'été. Un concours de chiens de luxe est organisé en août 1929. Les chiens sont présentés selon les races. On peut y observer des pékinois, des fox à poil dur, des poméraniens, des griffons bruxellois, des Aberdeens, des dobermans, des loups blancs, des caniches, des cockers, des grayhounds et des lévriers écossais qui font la fierté de leurs propriétaires. Puis c'est au tour du concours d'élégance féminine en automobile de conclure la saison de 1929. Dans les années 30, programmes sportifs et divertissements mondains se succèdent au fil des saisons au Country Club de Saintonge.
Le golf ne sort pas indemne des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. Il est très endommagé et le Country Club est en ruine. La ville de Royan décide d'apporter dans un premier temps son aide financière à la Société du golf avant d'envisager de l'acquérir en 1951. Les priorités sont ailleurs et la reconstruction de la ville de Royan mobilise toutes les énergies. L'activité golfique est mise entre parenthèses. Il faut alors attendre une trentaine d'années pour qu'un nouveau golf municipal ouvre ses portes en 1977, sur le site du Maine Gaudin, à Saint-Palais-sur-Mer. Il ne se compose au départ que de neufs trous qui sont complétés en 1987 de neufs autres supplémentaires. En 1992, on lui adjoint un petit parcours compact de 6 trous. Le golf de Royan devient l'un des parcours les plus réputés du Poitou-Charentes comme jadis son ancêtre à Taupignac.
Légendes des illustrations, de haut en bas :
- Le club-house du golf est un lieu très prisé où la colonie mondaine de la station royannaise se retrouve pour partager de nombreuses distractions.
- Golfeurs sur un green en train de putter.
- Le parcours du nouveau golf de 18 trous à Taupignac ouvert pour l'été 1929.
Merci à l'association "Vivre à Breuillet" pour le prêt des illustrations que vous pouvez retrouver sur le site du musée virtuel de Breuillet (www.breuillet.net) ou bien dans l'ouvrage Se souvenir de Breuillet (Geste Editions, 2008).
Christophe Bertaud
La question de la réalisation d'un golf à Royan est primordiale pour le développement de la station balnéaire comme le résume parfaitement un golfeur dans une lettre adressée au Journal de Royan en août 1923 indiquant «la nécessité qu'il y a pour Royan à avoir le plus rapidement possible un golf bien installé. Dans deux ou trois ans, toutes les stations balnéaires ou thermales auront leurs terrains de golf et la clientèle riche et élégante ira là ou elle sera à même de satisfaire son goût pour ce sport et les stations où il n'y aura pas de golf seront délaissées peu à peu». Après deux années de travail pour réunir les fonds nécessaires à la construction d'un golf à Taupignac, l'été 1925 s'annonce sous les meilleurs auspices pour l'ouverture du parcours. De nombreux golfeurs n'attendent que le feu vert pour se ruer sur le terrain. En juin 1925, Daniel Hedde, membre du Comité du golf, rapporte que «les meilleures nouvelles nous parviennent de certains hôtels où nombre de golfeurs venus de Cannes, de Belgique et du Nord ont prudemment retenu leurs chambres à l'avance… Ceci n'est toutefois qu'un début et laisse présager l'afflux de joueurs qui se produira lorsque le golf de Taupignac aura pu être apprécié et quand, en possession de ses 18 trous, il verra se disputer sur ses parcours les grands championnats internationaux». Le 20 juillet 1925, l'autorisation de jouer sur le parcours est délivrée. Albert Grassiat, professeur au Golf Club de Biarritz, prend ses nouvelles fonctions de professeur du golf de Royan. Le club house est presque terminé ainsi que le salon de thé - restaurant. Le parcours n'est pas entièrement complet car il est alors uniquement composé de 9 trous. La société du golf souhaite rapidement réaliser le grand golf de 18 trous de 6 000 mètres et qu'ainsi «le golf de Royan sera l'un des trois golfs de stations balnéaires se trouvant dans les limites réglementaires pour que puissent s'y disputer les grands championnats internationaux».
Le golf de Taupignac n'est pas uniquement un parcours pour les amateurs de ce sport. C'est un véritable complexe sportif car un stand de tir aux pigeons, activité très prisée de la bourgeoisie et de l'aristocratie, est aménagé sur les terrains ainsi que des courts de tennis. Le restaurant - salon de thé est un lieu de rencontre pour la clientèle aisée de la station balnéaire de Royan où elle peut se réunir et partager entre pairs les mêmes loisirs. La première saison semble donner satisfaction aux joueurs de golf et devient le lieu de rendez-vous espéré des classes aisées. «Le golf de son côté voit les joueurs venir, chaque jour, plus nombreux sur ses parcours. Il n'est pas douteux que l'exécution très soignée des greens et des pistes a été extrêmement appréciée des sportsmen et que l'impression générale ressentie par tous les visiteurs a été très nettement favorable. Et chacun sait combien le golf est difficile. Chaque jour, l'heure du thé, dans le ravissant cadre des jardins et des futaies, rassemble une élégante et sélect assistance et le soir arrive vite dans l'enchantement des yeux au milieu d'exquis papotages. Un des évenements mondains de la saison sera certainement le thé dansant organisé par le Country Club au restaurant-salon de thé du club au profit des soldats blessés du Maroc .[…]
Un essaim de gracieuses jeunes femmes et jeunes filles de la haute société balnéaire assurera le service du salon de thé qui sera trop petit pour contenir l'affluence des généreux consommateurs désireux de contribuer à une œuvre patriotique» peut-on lire dans le Journal de Royan du 16 août 1925.
A partir de la saison suivante, une grande fête est organisée au mois d'août pour clôturer la saison estivale. La première est une fête de la chasse au faucon dans le domaine de Taupignac. «Toute la haute colonie étrangère s'était donné rendez-vous sur le parcours, apportant un cachet de suprême élégance à une fête qui devait faire revivre la beauté d'un sport depuis longtemps oublié en France.» Un fauconnier présente des faucons pèlerins et des autours coquettement chaperonnés qui font une démonstration de vols et de prises. Ce formidable succès est dû à l'initiative de la Société du golf désormais appelé le Country club de Saintonge. Il est présidé par le comte d'Espierre qui a «organisé d'impeccable façon cette somptueuse fête du sport, de l'art et de l'élégance». Cette phrase résume à elle seule le programme et l'objectif à atteindre des membres fondateurs de la Société du golf. En août 1927, deux journées de courses de lévriers se déroulent au golf avec des courses plates et en obstacles.«Il est vrai que ces grandes manifestations d'élégance et mondanité ont trouvé dans le splendide domaine de la Société du golf le cadre qui leur convient. Dans ce coin privilégié de notre Saintonge d'intelligentes initiatives ont achevé de donner à ce princier décor un cachet d'incomparable élégance et d'harmonieuse beauté. Ce fut un régal des yeux de voir évoluer sous les hautes frondaisons des futaies opulentes comme parmi les dahlias géants et les roses trémières du jardin à la française, tant d'exquises toilettes aux tons infiniment variés et nuancés. Toute la haute colonie balnéaire s'était donné rendez-vous à Taupignac», indique le Journal de Royan dans son compte-rendu de l'évènement.
En 1927, les sportifs golfeurs ne sont pas oubliés. Le service de ramassage du car automobile de neufs places, mis en place dès 1925, qui assure la liaison entre Royan et le golf s'améliore. Il dessert dorénavant le boulevard Garnier et de la Grandière, les rues de la République, Gambetta, boulevard Thiers et l'avenue de Pontaillac. Des compétitions sont programmées de juin à novembre, tous les samedis pour les dames et le dimanche pour les hommes. L'année 1927 voit le premier match interclubs qui se déroule en août contre le club de Bordeaux. Après deux années d'activités, Daniel Hedde se félicite du succès rencontré. «Après l'expérience de la saison 1927, je pense que même ceux qui ont le plus violemment et systématiquement combattu le projet de Taupignac, il y a quatre ou cinq ans, doivent se rendre à l'évidence […] Le golf est une œuvre collective. Nous ne pouvions rien les uns sans les autres. Et s'il nous est possible aujourd'hui de contempler avec sérénité les résultats acquis, c'est parce que nous avons été plusieurs à nous atteler à la tache.» Il rend ainsi hommage aux principaux artisans du projet : le président de la Société du golf, le comte d'Espierre, les vice-présidents, M. Firino-Martell, R. Lacroix, E. Loreilhe. Le Comité du golf est quant à lui composé de Mme Allenet, Mme Poinsignon, L. Basalo, R. Bethmont, D. Hedde, L. Lehmann, G. Roullet, P. Veillon et P. Verneuil. Le temps est alors venu de doter le golf des 9 trous supplémentaires.
Au cours de la réunion du 28 août 1927, le conseil d'administration de la Société du golf décide d'appeler la dernière tranche de 120 000 francs pour l'augmentation de capital. Le capital de la Société du golf est ainsi porté de 480 000 francs à 600 000 francs. «Le but de ce nouvel appel de fonds est de créer, pour la saison 1928, les 9 derniers trous dont l'aménagement a été reconnu indispensable pour parer à tous les besoins de l'avenir. L'affluence des joueurs, au cours de la présente saison, a en effet été telle qu'il a été reconnu indispensable de créer des nouveaux links, et la qualité des 9 premiers trous ayant été unanimement reconnue par tous les sportsmen qui sont venus à Taupignac, il y a lieu de penser que, lorsque le grand golf de 18 trous sera réalisé, les progrès déjà constatés iront en s'accentuant d'une façon plus nette et plus intéressante encore.» Les plans du nouveau parcours sont établis en octobre 1927, comme le précédent, par MM. Colt, Alison et Martin, architectes des golfs les plus réputés d'Angleterre. A l'automne, les travaux sont d'ores et déjà commencés et sont programmés avec plus d'envergure lorsque, les vendanges terminées, il sera possible de se procurer la main d'œuvre nécessaire. Une annonce est affichée à ce sujet : «On embauche, dès maintenant, des hommes pour le terrassement et le défrichage et des femmes pour le dépierrage.» En décembre, «le vaillant tracteur Fordson a terminé les labours des dix hectares de parcours, après avoir assuré avec succès en certains endroits, un dur travail de dessouchage d'ajoncs. Les 1 600 mètres de tuyaux de fonte devant servir à la canalisation d'eau sont arrivés sur les lieux et seront incessamment mis en place dans les tranchées qui sont déjà préparées. Signalons enfin qu'un troupeau de plus de 50 moutons évolue sur l'immense pacage que représentent les parcours. Ce bétail ovin est d'ailleurs destiné, vraisemblablement, à s'augmenter notablement dans l'avenir. Ainsi se trouve assurée au point de vue agricole l'utilisation de ce grand domaine consacré aux sports.»
En juillet 1928, les neufs trous créés l'hiver dernier n'ont pu être livrés aux joueurs, en raison du retard apporté aux semailles par les intempéries continues de l'hiver et du développement insuffisant du gazon dû à la sécheresse persistante de l'été. Il faut alors attendre l'été 1929 pour que les 18 trous du golf de Taupignac soient enfin accessibles aux joueurs. Le dimanche 21 juillet 1929 a lieu le grand prix d'ouverture du parcours de 18 trous au golf de Royan-Pontaillac. Le golf de Taupignac situé sur la commune de Breuillet laisse place à son nom commercial de golf de Royan-Pontaillac pour être «le rendez-vous de toute la colonie mondaine de la station» comme le décrivent les dépliants publicitaires. Dans les années 30, le golf de Royan-Pontaillac fait partie de la coupe d'été du journal Le Figaro. Le journal du 6 août 1939 publie une photo de quelques concurrents de la coupe-challenge au Country Club de Saintonge. De nouveaux divertissements sont proposés tout au long de l'été. Un concours de chiens de luxe est organisé en août 1929. Les chiens sont présentés selon les races. On peut y observer des pékinois, des fox à poil dur, des poméraniens, des griffons bruxellois, des Aberdeens, des dobermans, des loups blancs, des caniches, des cockers, des grayhounds et des lévriers écossais qui font la fierté de leurs propriétaires. Puis c'est au tour du concours d'élégance féminine en automobile de conclure la saison de 1929. Dans les années 30, programmes sportifs et divertissements mondains se succèdent au fil des saisons au Country Club de Saintonge.
Le golf ne sort pas indemne des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. Il est très endommagé et le Country Club est en ruine. La ville de Royan décide d'apporter dans un premier temps son aide financière à la Société du golf avant d'envisager de l'acquérir en 1951. Les priorités sont ailleurs et la reconstruction de la ville de Royan mobilise toutes les énergies. L'activité golfique est mise entre parenthèses. Il faut alors attendre une trentaine d'années pour qu'un nouveau golf municipal ouvre ses portes en 1977, sur le site du Maine Gaudin, à Saint-Palais-sur-Mer. Il ne se compose au départ que de neufs trous qui sont complétés en 1987 de neufs autres supplémentaires. En 1992, on lui adjoint un petit parcours compact de 6 trous. Le golf de Royan devient l'un des parcours les plus réputés du Poitou-Charentes comme jadis son ancêtre à Taupignac.
Légendes des illustrations, de haut en bas :
- Le club-house du golf est un lieu très prisé où la colonie mondaine de la station royannaise se retrouve pour partager de nombreuses distractions.
- Golfeurs sur un green en train de putter.
- Le parcours du nouveau golf de 18 trous à Taupignac ouvert pour l'été 1929.
Merci à l'association "Vivre à Breuillet" pour le prêt des illustrations que vous pouvez retrouver sur le site du musée virtuel de Breuillet (www.breuillet.net) ou bien dans l'ouvrage Se souvenir de Breuillet (Geste Editions, 2008).
Christophe Bertaud
Commentaires
Courrier des lecteurs
Deux familles habituées de Saint-Georges-de-Didonne
J'y suis né en 1959 et y ai vécu durant toute mon enfance: c'est un endroit d'une beauté magique.