Le grand syngnathe
Moins célèbre que son proche cousin l’hippocampe, le syngnathe a la même tête et le même mode de vie original. On peut le voir à marée basse dans les flaques, ou bien sûr en plongée sur les fonds sableux, coquillers et dans les herbiers sous-marins jusqu’à 50 mètres de profondeur.
Peut-être tout simplement est-ce son nom qui pose problème ? À le lire, on sait à peine comment le prononcer. Mais quand on l’explique par sa racine en grec ancien, tout devient clair : la partie « syn » signifie « ensemble » (sympathie, symbiose…), et « gnathos » signifie « mâchoires » (prognathe…). Les mâchoires sont soudées, formant un tube par lequel le poisson va aspirer les petits animaux marins, pour s’en nourrir : des crustacés, larves, et minuscules vers marins. On l’appelle parfois aiguille de mer, syngnathe aiguille, ou même Syngnathus acus chez les scientifiques.
Jusqu’à 50 cm de long
Comme son nom l’indique, c’est le plus grand syngnathe de France. Il se distingue aussi par ses anneaux colorés, visibles le long de son corps. Il est réparti en Atlantique ouest, mais aussi en Méditerranée même s’il semble finalement que plusieurs espèces seraient à distinguer à l’avenir.
Sur les roches de nos estrans, on rencontre souvent un plus petit syngnathe, le Nérophis lombric, qui a un petit museau recourbé, tacheté, et une taille de 15 cm maximum.
Un couple moderne
Chez la plupart des poissons, la femelle pond de nombreux œufs (des millions parfois), le mâle passe juste dessus pour les ensemencer, puis chacun repart. Les hippocampes et syngnathes sont plutôt du style « papa-poule ». Tout commence par une parade nuptiale, en général entre mai et juillet. Si Monsieur convient à Madame, et inversement, elle va pondre environ 400 œufs et vite les introduire dans une poche spéciale, sous le ventre du mâle : la poche incubatrice. Au même moment, les oeufs sont fécondés par le mâle. Il les protègera 5 semaines.
C’est donc le mâle qui « accouche » ! En fait, le moment venu, ce sont les jeunes syngnathes qui décident de quitter la poche. Ils ressemblent déjà à des adultes, version miniature (environ 2 cm). Les syngnathes ne vivent pas très longtemps : 3 ou 4 ans, seulement.
Un caractère plutôt confiant
Contrairement à beaucoup de poissons, les syngnathes ne fuient pas l’Homme. Tout d’abord, leurs minuscules nageoires ne permettent pas vraiment de faire de la vitesse. Mais surtout, ils semblent avoir grande confiance en leur camouflage. Lorsqu’on a la chance d’en détecter un, on peut alors rester un moment pour l’observer dans son milieu.
Photo © CPIE MO
Merveilles d’ici et d’ailleurs
Dans les océans du monde, et en particulier parmi les coraux, vit une grande diversité de syngnathes (et d’hippocampes). Certains sont des as du mimétisme ; on les surnomme les poissons fantômes. Leurs formes ressemblent à des algues ou des coraux. Ils se laissent porter dans le courant comme des débris. Leurs couleurs, notamment le rouge, sont quasiment invisibles dans les profondeurs. Et pourtant, ils sont vraiment très, très beaux !
Pour en savoir plus :
La fiche du site Doris : https://doris.ffessm.fr/Especes/Syngnathus-acus-Grand-syngnathe-229
Pages photos d’espèces exotiques : https://www.starfish.ch/collection/ghostpipefish.html
Vidéo (6 min, en anglais) montrant quelques hippocampes et syngnathes exotiques : https://youtu.be/eo-a25phR8E
Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron
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Avec le soutien de naturalistes de Marennes-Oléron