Patrimoine - N°143 - Août/Septembre 2016

Le phare de Cordouan, un vaste chantier pour un précieux label

Chaque hiver, le phare de Cordouan est restauré dans le cadre d’un vaste chantier qui doit se poursuivre jusqu’en 2021. L’édifice fait l’objet d’une candidature pour être classé au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Le «roi des phares» sera-t-il couronné à l’Unesco ? Le phare de Cordouan fait l’objet d’une candidature à l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité, dont le dossier a été lancé en janvier dernier par les collectivités locales porteuses du projet. Mais pour soutenir au mieux cette candidature, l’Etat, la Région, le Département et le Smiddest*, syndicat mixte chargé de la gestion du phare, ont entamé un vaste chantier de restauration de l’édifice depuis trois ans, pour une enveloppe de 5,6 millions d’euros. 

Cet hiver, les ouvriers se sont concentrés sur la première tranche de restauration des pierres de la colonne, les plus anciennes du phare. Il faudra encore trois ans aux tailleurs de pierres pour terminer la rénovation extérieure. Le réaménagement des espaces intérieurs doit ensuite commencer en 2019. Ces travaux, dont l’échéance est fixée en 2021, visent à préserver et valoriser le phare de Cordouan, qui nécessite un entretien constant. Preuves de la volonté des collectivités de conserver au mieux ce site historique, ils permettront également d’appuyer la candidature à l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité. 

Avant de pouvoir porter la candidature devant l’Unesco, le phare de Cordouan devra d’abord être sélectionné par l’Etat – un pays ne pouvant présenter qu’une seule candidature par an à l’Unesco.  Le 6 juin, le  comité national des biens français, qui examine chaque candidature, a validé en partie la première étape de cette sélection nationale. «Le phare de Cordouan a obtenu une déclaration de valeur universelle exceptionnelle, indispensable à la poursuite de la candidature», détaille Magali Pautis, responsable de projet au Smiddest. Cette valeur universelle exceptionnelle justifie l’inscription du phare sur la liste du patrimoine mondial. Mais il manque encore au dossier un solide argumentaire pour faire valoir la notoriété nationale du phare de Cordouan. «On souhaitait avoir un premier retour du comité. Et cet avis est vraiment encourageant  pour la suite», assure Magali Pautis. Plusieurs étapes sont encore nécessaires avant la sélection nationale, comme définir le périmètre exact du bien proposé à l’inscription et établir un plan de gestion pour la valorisation du site. S’il est choisi par l’Etat, le «roi des phares» peut espérer recevoir le précieux label à l’horizon 2020. 

* Le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde réunit les départements de la Charente-Maritine et de la Gironde, la région Nouvelle-Aquitaine, la CARA, Bordeaux Métropole et les communautés de communes de la Haute-Saintonge et de l’Estuaire.

Photo © Smiddest


Un chantier à risque 

Restaurer un phare en pleine mer est un véritable défi logistique. Les tonnes de matériels nécessaires au chantier sont acheminées par bateau ou par hélicoptère. Les Compagnons de Saint-Jacques ont effectué un premier hélitreuillage au début de l’hiver pour apporter les échafaudages, les pierres et le sable, avant un second en janvier pour réapprovisionner en matériel. Une zone d’hélitreuillage a été installée au phare pour sécuriser le transport des marchandises et des hommes. Le reste du matériel est acheminé par bateau, au rythme des marées. Les ouvriers à l’œuvre sont des professionnels aguerris mais doivent composer avec les aléas climatiques. Le chantier se fait en hiver d’octobre à avril, pour ne pas gêner le public. Les ouvriers passent la semaine au phare, du lundi au vendredi, et dorment sur place. Sept compagnons partagent ainsi le quotidien des gardiens du phare. La météo de cet hiver a été particulièrement rude, avec des tempêtes et des vents très violents. Ces conditions météorologiques ont parfois empêché les ouvriers de travailler. Dix journées d’intempéries ont ainsi perturbé le chantier sur les seuls mois de février et mars.


Visites 

Les visites du phare de Cordouan se font d’avril à octobre, alors que les travaux sont interrompus et les échafaudages démontés. Pour respecter le calendrier des travaux, le chantier redémarrera en septembre, mais les visites seront tout de même assurées, permettant à un public curieux de voir à l’œuvre la restauration du phare et de rencontrer les ouvriers. Départ en bateau de Royan, Meschers-sur-Gironde ou du Verdon. 

Rens. sur www.phare-de-cordouan.fr

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