Les projets de port méthanier inquiètent
4Gas et Endesa France envisagent de réaliser des terminaux de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié dans le port du Verdon. Le premier opérateur est même très pressé d’aboutir. Une réunion d'information est programmée le 5 avril pour connaître les incidences sur la Côte de Beauté.
Depuis l’été dernier, le site industriel du port du Verdon est très convoité. En août, le port autonome de Bordeaux (PAB), propriétaire des lieux, a conclu un accord avec la société néerlandaise 4Gas. Cette dernière a réservé vingt hectares afin d’y installer un terminal de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL). Dans un second temps, fin novembre, c’est la SNET (Société nationale d’électricité et de thermique) rebaptisée depuis Endesa France qui a réservé quinze hectares pour y développer un projet similaire. Si les intentions du deuxième opérateur restent encore floues (il a seulement indiqué vouloir installer une unité de regazéification d’une capacité de quatre à huit milliards de mètres cubes par an), celles de 4Gas sont désormais bien affichées. Henk Jonkman, le directeur général de 4Gas France, a en effet tenu une première réunion publique sur le sujet le 27 février au Verdon. Devant plus de 350 personnes, loin d’être toutes acquises à sa cause, il a exposé le projet qu’il entend mettre en place dans la commune girondine. Un projet qui a désormais un nom : Pegaz.
Un investissement de l’ordre de 450 à 500 millions d’euros sera nécessaire pour mettre en place les installations du terminal, à savoir une unité de regazéification, une centrale électrique autonome et des cuves de stockage. Le projet présenté à la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) en prévoit cinq. Mais dans un premier temps, seulement deux ou trois devraient sortir de terre. Elle auront une capacité respective de 154 000 m³ de gaz liquéfié et mesureront 80 mètres de diamètre et 47 mètres de haut. En ce qui concerne la réception du GNL, un ou deux méthaniers d’une capacité de 75 000 à 250 000 m³ accosteront chaque semaine le long de la jetée utilisée jusqu’en 1986 par le terminal pétrolier et qui sera rénovée. Les navires devraient rester à quai pendant environ vingt-quatre heures.
En terme de sécurité, le GNL est incolore, inodore, non toxique et non corrosif, l’armure des cuves sera composée d’un mur de béton armé de un mètre d’épaisseur, et la torchère ne fonctionnera qu’en cas de fuite de gaz non jugulée. L’installation dans son ensemble sera classée Seveso seuil haut. Pour autant, Henk Jonkman s’est voulu rassurant sur ses éventuels impacts. «Compte tenu de l’état des couloirs et des installations d’accès, seules quelques activités de construction au large seront nécessaires pour l’acheminement et le mouillage des tankers de GNL. L’impact environnemental sur les eaux estuariennes et les organismes marins sera donc extrêmement restreint. Les installations terrestres seront conçues et établies à suffisamment de distance du Verdon pour limiter à un minimum les risques éventuels pour l’homme et les conséquences environnementales sur les zones écologiques sensibles.» Il ajoute que «une étude d’impact environnemental, un rapport de sûreté et des simulations marines démontreront le peu de risques que comporte le terminal de GNL pour l’homme et l’environnement, et détailleront les mesures permettant de les maintenir au plus bas».
Permis de construire dans un an ?
Là où Henk Jonkman n’a rassuré personne, et surtout pas les opposants à Pegaz, c’est lorsqu’il a présenté le calendrier du projet. Il prévoit en effet que dès le début 2008 les élus auront toutes les cartes en main pour accorder, ou non, le permis de construire de l’équipement. Il voit aussi très bien un début des travaux à la fin de la même année, et une mise en service du terminal méthanier dès 2011.
De l'autre côté de l'estuaire, inquiétudes et rumeurs vont bon train. Les élus s'inquiètent notamment de l'impact d'une telle installation sur leur territoire. La communauté d'agglomération Royan Atlantique a donc décidé d'organiser une réunion d'information pour les élus, le 5 avril prochain. Lors de cette rencontre les représentants de la société néerlandaise 4 GAS seront présents pour répondre aux questions des élus.