Livres
Guerre et plage
Le destin tragique de Royan à la fin de la Seconde Guerre mondiale a souvent été évoqué dans de nombreux ouvrages, au premier rang desquels se trouvent ceux de Guy Binot, disparu en début d’année. Mais c’est sur l’arrivée des Allemands dans la station balnéaire et la vie sous l’Occupation que revient ce livre, conjointement à l’exposition qui se déroule au musée de Royan, à Pontaillac.
Conséquence anecdotique de l’arrivée des Allemands le 23 juin 1940 à Royan : le départ de Picasso, sympathisant communiste notoire, qui craint pour sa sécurité. Après un séjour de presque un an, il aura réalisé quelque 700 esquisses, tableaux, dessins ou croquis. Conséquence plus dramatique, «les Royannais découvrent trois affiches placardées sur les murs de la ville, signées l’une du maire, l’autre du préfet, la troisième du commandant des troupes allemandes de Royan. La première appelle au calme et à la dignité, la seconde à la discipline et à l’obéissance, la troisième ordonne : heure allemande, couvre-feu, taux de change du Reichmark et interdictions diverses.» Les grands hôtels et de nombreuses villas et habitations sont réquisitionnés. Les Allemands prennent possession des lieux. On voit des moto-écoles sur la Grande Conche et des troupes s’entraîner sur la plage de Pontaillac. L’été, les occupants se mêlent aux habitants et profitent aux aussi des charmes de la station balnéaire, comme des touristes, disposant même de guides en langue allemande. Puis, dès 1941, les touristes, dont les propriétaires de villas, sont interdits de séjour, Royan étant dans une zone très contrôlée tout le long du littoral, où va s’édifier le Mur de l’Atlantique. La ville vit selon les règles édictées par l’occupant. La tension va ainsi monter entre la population française et les Allemands mais aussi entre les Royannais, entre ceux qui soutiennent Pétain et ceux qui résistent face à l’ennemi, entre les délateurs et les rebelles… C’est ce quotidien que nous décrit Marie-Anne Bouchet-Roy, à grand renfort d’anecdotes et de documents nombreux et inédits, ce qui rend le récit passionnant.
(Voir aussi par ailleurs)
Royan 39-45, guerre et plage, tome 1 L’Occupation, par Marie-Anne Bouchet-Roy, 230 pages, 20 €, éditions Bonne Anse
Lieutenant sur L’Hermione
Un nouveau livre revient sur le périple de L’Hermione. Il est écrit par l’un des cinq officiers à bord, Antoine Faure, lieutenant de navigation habitant Breuillet. Celui-ci raconte chaque jour dans le détail son aventure. Car c’est bien d’une aventure dont il s’agit, comme il le dit : «Mon sac sur le dos, une paire de bottes sous le bras, j’embarque. […] Les émotions sont cependant bien différentes de ce que j’ai pu ressentir lors de mes embarquements au commerce. Ce frisson a l’odeur de l’aventure, le goût de l’inconnu.» Cette aventure est aussi une aventure humaine qui s’est faite en compagnie d’un équipage de 80 personnes. Le moindre ordre lancé implique le travail harassant de dizaines de personnes et une surveillance pointue de toutes les manœuvres qu’il engendre. «L’Hermione est un navire extraordinaire, le projet est extraordinaire. […] Mais les gens qui gravitent autour du projet sont normaux.» Et comme dans la vie «normale», il a fallu gérer les tensions dans les rapports humains, surtout entre les professionnels de la navigation présents sur le bateau. Les Canaries, les Bermudes, les Etats-Unis… jusqu’au retour vers Brest sont autant d’occasions de raconter des anecdotes vécues par l’officier lors de cette aventure extraordinaire. Le livre est agrémenté de photos prises lors du périple.
Lieutenant à bord de L’Hermione, par Antoine Faure, 154 pages, 20 €, éditions Bonne Anse
Visites guidées
«Suivez le guide», nous proposent les éditions Bonne Anse avec ces deux ouvrages, l’un sur Rochefort et L’Hermione, l’autre sur les églises de Royan.
Le premier guide traite donc de la ville de Rochefort, qui est à l’origine de l’aventure de L’Hermione. L’ouvrage s’ouvre sur la ville vue par les écrivains (Loti, Orsenna…). Puis la partie historique retrace la création de l’arsenal maritime (1666), son fonctionnement (corderie, direction de l’artillerie, formes de radoub, fonderies…), son architecture puis s’attarde sur le projet de la reconstruction d’une frégate du xviiie siècle, L’Hermione, qui emmena La Fayette annoncer le soutien de la France aux insurgés américains. On suit les 17 années de la construction et le détail de l’architecture du navire. «Ce projet un peu fou mais grandiose est à l’image de tous ceux qui sont nés ici, sur les bords de la Charente, depuis le règne du Roi Soleil.»
Le second ouvrage nous emmène visiter les églises de Royan. Saint-Pierre en est, de loin, la plus ancienne puisqu’elle est citée dès le xie siècle, bien que l’origine du bâtiment que nous connaissons ne semble pas remonter avant le xiie, voire xiiie siècle. Trois églises, dont deux sont aujourd’hui disparues, ont été construites au xixe siècle. La chapelle du Sacré-Cœur, rue Paul-Doumer, première église Notre-Dame, place Charles-de-Gaulle, et la chapelle Notre-Dame de la Falaise, aujourd’hui propriété privée transformée en spectaculaire lieu de villégiature.
Au tout début du xxe siècle, la chapelle Notre-Dame des Anges sera construite à Pontaillac, et au milieu du xxe siècle, l’église Notre-Dame de l’Assomption, au Parc, et le vaisseau amiral, l’église Notre-Dame, seront érigées. Le guide revient donc sur tous ces édifices religieux et leur histoire, une grande partie étant bien sûr consacrée à l’église Notre-Dame (histoire, architecture, matériaux, restaurations…).
Rochefort, berceau de L’Hermione, par Frédéric Chassebœuf et les guides du patrimoine, 100 pages, 15 €, éditions Bonne Anse
Notre-Dame et les églises de Royan, par Frédéric Chassebœuf, 100 pages, 15 €, éditions Bonne Anse