Culture - N°151 - Décembre/Janvier 2017

Livres

Glisse en mer

Un condensé de surf, pour en reprendre des petites doses tout au long de l’hiver, voilà comment on pourrait présenter ce livre sorti au début de l’automne. Ecrit par une référence du domaine, Matt Warshaw, ancien rédacteur en chef de Surfer Magazine, ce beau livre au format pratique (pas trop grand ni trop lourd) regroupe une mine d’informations et de photos souvent inédites. On peut y piocher au hasard puisque chaque double page aborde un sujet, systématiquement illustré. Les chapitres regroupent les articles dans l’ordre chronologique, depuis la naissance de la première forme du surf, au Pérou il y a 3 000 ans, quand les pêcheurs se laissaient porter par la vague de retour de leurs sorties en mer. Le surf de loisir est, lui, apparu à Hawaii vers 300 quand les premiers Polynésiens débarquèrent sur l’archipel. Le sport est alors devenu une pratique courante de toute la nation. «Le surf tel qu’on le connaît aujourd’hui a été inventé sur une alaia, une planche de taille moyenne, entre 1,80 et 2,10 m de long, pesant environ 20 kg», au xixe siècle à Hawaii, raconte l’auteur. Le journaliste et écrivain Jack London participa à faire connaître ce sport au début du xxe sècle, quand, fasciné, il s’y essaya à Honolulu et décrivit son expérience dans la presse américaine. Ainsi, Matt Warshaw retrace la longue histoire de ce sport de glisse à travers de nombreuses anecdotes et personnages qui ont marqué le surf, jusqu’à aujourd’hui.

Une brève histoire du surf, Matt Warshaw, éd. Glénat, 272 pages, 25 €

 

Bateaux de récits

Jean-Benoît Héron nous captive une fois encore avec cet ouvrage. Cet illustrateur spécialisé en architecture navale, dont nous présentons régulièrement les ouvrages, présente dans son nouveau livre une vingtaine de bateaux qui ont fait l’histoire de la littérature maritime. Le premier bateau que nous présente l’auteur est l’Arche de Noé, dans l’Ancien Testament. Il y a aussi la Bounty, l’Hispaniola de L’île au trésor, le Nautilus imaginé par Jules Verne, la Marie décrite par Pierre Loti dans Pêcheurs d’Islande… Les goélettes, caraques portugaises, sloops, pirogues et autres bateaux à roues à aubes du Mississippi décrits dans les récits n’auront plus de secrets. Ce livre est aussi une invitation à lire ou relire quelques chefs-d’œuvre de la littérature.

Les bateaux de ma bibliothèque, Jean-Benoit Héron, éd. Glénat, 128 pages, 25 €

 

Explorer le monde

A l’occasion des 80 ans de la Société des explorateurs française, Christian Clot, explorateur scientifique, dirige ce bel ouvrage collectif très dense puisqu’il recense 100 ans d’explorations, du début du xxe siècle avec Jean-Baptiste Charcot en Antarctique jusqu’à aujourd’hui et la mission de Thomas Pesquet dans l’espace. Car il n’est bien sûr pas uniquement question d’exploration maritime, même si celle-ci tient évidemment une grande place. Il y a les «aventures» de Henry de Monfreid en mer Rouge, l’invention du scaphandre autonome de Cousteau, le naufrage volontaire d’Alain Bombard, la mythique Golden Globe de Moitessier…

Sur terre, dans les airs, sous l’eau, sur les fleuves, à travers les déserts, dans les forêts, dans les montagnes, dans les milieux polaires, les grandes campagnes d’exploration françaises sont décrites avec l’appui de nombreux documents de qualité. Bible de l’exploration, ce livre indispensable transporte le lecteur dans des aventures uniques à travers le monde.

100 ans d’explorations, sous la direction de Christian Clot, préface de Bertrand Piccard, éd. Glénat, 224 pages, 35 €

 

Défendre l’océan

En 2017, l’association Sea Shepherd, fondée par le charismatique et très médiatique Paul Watson, fête ses quarante ans. Cet activiste écologiste ne cesse de se déplacer à travers le monde pour défendre la planète en général et l’océan en particulier, avec des actions en forme de coups de poing, largement relayées dans les médias pour avoir plus de poids encore. Exilé pendant deux ans en France, il a témoigné lors de la COP21 à Paris en décembre 2015 et sorti un petit livre, Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons (Glénat, 2016) pour lequel nous écrivions : «L’auteur propose des solutions, souvent de bon sens, parfois plus extrêmes : produire local, manger local, arrêter de fabriquer des tonnes de produits en plastique qui dérivent dans l’océan et tuent la vie marine, arrêter la pêche industrielle, mettre en place une économie verte… Sans quoi, d’après Paul Watson, “nos sociétés ne survivront pas jusqu’en 2100”. » (voir CB n° 140).

Les missions que se donne l’association sont spectaculaires : renvoyer chez eux les chasseurs de baleines en Antarctique, faire cesser le massacre des globicéphales aux îles Féroé, empêcher le braconnage dans l’océan Austral, mettre fin à l’emprisonnement des animaux dans les parcs aquatiques… Quarante années de luttes acharnées sur lesquelles revient Lamya Essemlali, la fondatrice de la branche française de l’association.

Paul Watson, Sea Shepherd, le combat d’une vie, Lamya Essemlali, éd. Glénat, 312 pages + 24 pages de photos, 19,99 €

 

Voyage dans le temps

Avec la découverte du monde et les voyages à travers les océans est né le besoin de représenter la planète. Les première cartes sont apparues suite aux premiers récits de voyages des marins. Elles servent alors beaucoup pour la navigation, mais aussi déjà à la décoration, illustrant les intérêts économiques et politiques des puissances maritimes européennes, voire comme outils de propagande et de communication. L’auteur, Kevin J. Brown, collectionneur américain de cartes rares, s’attarde par exemple sur la Carte très curieuse de la mer du Sud réalisée par Chatelain au xviiie siècle. Très innovante pour son époque, d’une grande richesse graphique, elle comprend de nombreuses vignettes d’illustrations et de petites cartes, annotées de commentaires politiques, sur les traditions locales, le commerce ou encore sur la faune et la flore. La carte de John Cassell, elle, s’attache à représenter la dominance maritime des Anglais au xixe siècle avec les routes du commerce maritime mondial et les pays sous domination britannique. 

Les nombreuses et très diverses cartes ainsi représentées et analysées emportent le lecteur dans un voyage à travers le temps et les pays de la planète au fil des magnifiques pages de ce beau livre.

Cartes anciennes : un voyage à travers le temps, Kevin J. Brown, éd. Glénat, 208 pages, 39,95 €

 

Histoire de la cartographie

Pour rester dans le thème des cartes, et plus particulièrement dans la représentation des cartes marines, on notera la réédition d’un livre de référence sur le sujet : celui d’Oliver Le Carrer, Océans de papier, sorti initialement en 2006. Sous-titré «Histoire des cartes marines, des périples antiques au GPS», l’auteur illustre ses propos par les plus belles cartes marines conservées à la Bibliothèque nationale de France, depuis les spéculations fantaisistes des pionniers jusqu’à la précision impressionnante des documents modernes du xxie siècle qui, par exemple pour la baie de Quiberon, vont jusqu’à indiquer les éclats des feux ou les hauteurs d’eau.

Océans de papier, Olivier Le Carrer, éd. Glénat, 128 pages, 30 €

 

Faussaire génial

Résident secondaire à Saint-Palais, Patrick Pesnot a écrit des dizaines d’ouvrages, récits et romans, etc. Il a créé, en outre, la célèbre émission de France Inter Rendez-vous avec X diffusé depuis 1997 jusqu’au 20 juin 2015, X étant un personnage créé par Patrick Pesnot, censé être un ancien agent des services secrets français qui distille ses confidences sur la face cachée de l’histoire. Et voici qu’aujourd’hui Patrick Pesnot est victime du succès de Monsieur X puisque son éditeur (Hugo Doc) croit bon d’ajouter sur la couverture de son dernier ouvrage au-dessous du nom de l’auteur : Monsieur X ! Alors même que ce livre n’a rien à voir avec la célèbre émission… Il s’agit du Génie du faux, la Passion Vermeer où l’auteur retrace l’histoire passionnante d’un faussaire de génie, Han Van Meegeren, un peintre hollandais du xxe siècle, qui a «inventé» des Vermeer si parfaits que certains d’entre eux se sont retrouvés dans des musées prestigieux comme des œuvres authentiques du maître de Delft et qu’il avait même réussi à en faire acheter un par l’effrayant maréchal Goering, l’adjoint d’Hitler !

Ce livre passionnant a fait l’objet d’un excellent documentaire réalisé par Patrick Pesnot et Frédéric Tonolli et diffusé debut novembre sur France 5.

Le Génie du Faux, la Passion Vermeer, Patrick Pesnot, éd. Hugo Doc, 17,50 €

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