La Côte de Beauté - N°180 - Octobre/Novembre 2022

Livres

Les auteurs de ce beau livre, Charlotte de Charette, responsable du service du patrimoine à la ville de Royan, et Yann Werdefroy, photographe, avaient sorti en 2019 Villas de Royan (CB n° 163). Ils reviennent ici en élargissant à la Côte de Beauté leur étude sur l’architecture balnéaire, de Meschers à Ronce-les-Bains. Ils arpentent cette côte pour présenter quelques belles villas aux styles très éclectiques, depuis les villas du XIXe siècle, jusqu’aux maisons d’inspiration brésilienne des années 1950.

L’architecture balnéaire dépend d’abord des moyens financiers. Les premiers touristes, issus de la grande bourgeoisie, recherchent luxe et exotisme. Ainsi, « les premières villas qui sont construites sur la côte, souvent somptueuses, sont d’une remarquable diversité, en rupture volontaire avec les modèles de l’époque », écrit l’auteur. Les années 1920 attirent un clientèle et des familles aux revenus plus modestes qui construisent des villas plus petites et moins ostentatoires. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les communes sont plus ou moins détruites. La reconstruction se fait dans une architecture aux formes géométriques simples utilisant le contraste du béton et de la pierre avec des effets d’ombre et de lumière inspirés du Brésil.

Meschers (où cinq villas sont présentées), à l’activité portuaire et agricole importante au xixe siècle, se développe auprès d’une clientèle qui apprécie « la promenade le long du sentier côtier, le panorama et les grottes pittoresques dans les falaises ». Les constructions sont modestes. « La croissance balnéaire se poursuit après-guerre et des villas à l’architecture moderne s’implantent à proximité des plages et aux abords des falaises. »

Saint-Georges-de-Didonne est d’abord un but de promenade depuis Royan avec ses pins plantés pour fixer la dune. Les premières constructions datent de 1860-1870. « La fôret de Suzac est préservée mais le bois de Vallières se couvre de nouvelles constructions. » Dix-sept villas sont présentées, dont l’une des plus anciennes, Les Alysses, de 1862, jusque celle du 5 avenue Mestreau, de 1962.

À Royan, les premiers baigneurs arrivent de Bordeaux grâce à une liaison régulière en bateau à vapeur. La station se développe très vite et de nouveaux quartiers se créent (Pontaillac, le Parc…) pour accueillir les touristes. Mais le bombardement à la fin de la Seconde Guerre mondiale détruit 85 % des bâtiments. Claude Ferret est nommé architecte et urbaniste en chef de la reconstruction de la ville en 1945. L’architecture est influencée notamment par le style de l’école brésilienne d’Oscar Niemeyer. « Grâce à cette fantaisie “tropicale”, Royan développe une architecture singulière, moderne, joyeuse, ludique et colorée, tournée vers le soleil et la plage. » Quinze villas sont présentées.

Vaux-sur-Mer se développe plus tardivement, par sa partie sud, grâce au développement du quartier de Pontaillac à Royan. Des villas apparaissent alors au sommet de la falaise. Dans les années 1920, le développement se fait dans un souci de préservation du cadre naturel, comme lors de la création du domaine des Fées. La commune va être très touchée par les bombardements de la fin de la Seconde Guerre mondiale et Claude Ferret, avec Georges Vaucheret, sera également en charge de l’élaboration du plan d’urbanisme prévoyant le développement de l’activité touristique. Dix-neuf villas sont présentées, de 1871 à 1971.

Saint-Palais-sur-Mer, à l’image de Saint-Georges, se développe grâce aux plantations de pins utilisés pour fixer la dune et qui proposent de belles excursions. Les premières constructions de villas se font dans le secteur du Bureau, qui doit son nom à la proximité du bureau des Douanes, puis sur la corniche de Nauzan. « La plus grande partie de la commune est épargnée par les destructions de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique le faible nombre de villas des années 1950-1960 qu’on y rencontre. » Vingt-et-une villas sont présentées, dont beaucoup du tout début du xxe siècle.

La Palmyre est la station balnéaire la plus récente de la côte royannaise. Les premières villas sont construites le long du chemin qui conduit à la plage (le futur boulevard de l’Océan) dans les années 1930. Cinq villas sont présentées, dont celle de l’architecte Le Corbusier, datant de 1935.

Enfin, Ronce-les-Bains est un quartier dépendant de la commune de La Tremblade fondé en 1860. C’est l’une des rares stations balnéaires à avoir fait l’objet d’un aménagement concerté. Elle se développe beaucoup à partir de l’entre-deux-guerres, le nombre de villas passant de 60 en 1921 à 500 en 1937 puis 1 020 en 1968. « Cette petite station balnéaire se présente encore aujourd’hui comme un site préservé, très boisé, un cadre intime et familial. » Vingt-deux villas sont présentées plus une dizaine de villas au style néo-basque qui a la particularité d’être très représenté dans la commune.

Ce beau livre est très documenté grâce à de nombreuses photos mais aussi quelques documents anciens. Des cartes précises permettent de situer l’emplacement des villas présentées.

Villas du pays royannais, Charlotte de Charette et Yann Werdefroy, éd. La Geste, 286 pages, 39,90 €

 

Si le classement du phare de Cordouan au patrimoine mondial de l’Unesco l’an passé (CB n° 172 et 174) pour sa « valeur universelle exceptionnelle » a augmenté sa fréquentation touristique, il a aussi multiplié les ouvrages qui lui sont consacrés. Parmi ceux-ci, on retiendra celui d’Alexandrine Civard-Racinais qui avait écrit l’excellent Guide de l’estuaire de la Gironde en 2018 (CB n° 156). En 48 pages, l’autrice fait le tour très complet du sujet, illustré de nombreuses photos. Elle revient sur sa nécessaire édification dans le plus grand estuaire d’Europe, très dangereux. « Au XVIIIe siècle, sept à huit navires sombraient encore chaque année en tentant d’y entrer ou d’en sortir. » C’est Henri III qui demande à l’ingénieur architecte Louis de Foix de construire un nouveau phare sur l’îlot de Cordouan en 1582. Les difficultés d’une telle édification en milieu marin hostile sont immenses. L’ouvrage est finalement livré en 1611 à Louis XIII, bien après la mort de Louis de Foix (1603). L’ingénieur Joseph Teulère a la mission de rehausser le phare entre 1788 et 1790 pour atteindre, avec la silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui, 67,5 m. Les récents travaux de restauration extérieure et de rénovation intérieure permettent de profiter de cet édifice exceptionnel avec l’appartement du lieutenant du roi, l’appartement du roi, la chapelle royale ou encore la salle de veille au sixième étage.

Pour aller plus loin sur le sujet des phares, deux autres auteurs, Hubert Sion et David Remazeilles, présentent La route des phares de Gironde. Après un chapitre sur le rôle et l’histoire des phares, sémaphores, balises, bateaux-feux et amers, les auteurs passent en revue les principaux phares de la pointe du Médoc, depuis l’estuaire de la Gironde en commençant par « le roi des phares et phare des rois » Cordouan (32 pages lui sont consacrées) mais aussi les phares de Grave et Saint-Nicolas (Le Verdon), puis côté mer avec les phares d’Hourtin et du Cap Ferret, et côté fleuve avec les phares de Richard (Jau-Dignac-et-Loirac), Trompeloup (Pauillac) et Patiras (Saint-Androny), soit une belle balade dans le Nord-Médoc.

Deux jolis petits livres très intéressants agrémentés de belles photos et de documents historiques pertinents.

Le phare de Cordouan, Alexandrine Civard-Racinais, éd. Sud Ouest, 48 pages, 9 €

La route des phares de Gironde, Hubert Sion et David Remazeilles, éd. Sud Ouest, 96 pages, 15 €

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