Portrait - N°120 - Octobre/Novembre 2012

Michel Lis, le Saintongeais

 

Le jardinier préféré des Français, après une carrière dans la presse, à la radio et à la télévision – L’Equipe, Paris Match, Télé 7 jours, France Inter, France 2, entre autres – qui l’a mené dans le monde entier, est revenu au pays natal. Dans sa maison de Saintes, il continue à écrire.

«Le vrai pays natal n’est pas celui où on est né, c’est celui où on a joué enfant. Je ne suis pas né à Saintes parce qu’à l’époque les jeunes mamans allaient accoucher chez leurs parents, et comme ma grand-mère habitait à Pamproux où mon grand-père était chef de gare, c’est dans les Deux-Sèvres que je suis né. Mais j’ai passé toute ma petite enfance à Saintes, dans le quartier cheminot près de la gare.»

Pourtant, lorsqu’il interrompt ses activités sur France Inter, France 2 et France Info, Michel Lis s’installe à Grasse pour suivre son épouse provençale. Mais au bout d’une douzaine d’années, le mal du pays est trop fort. «La Saintonge me manquait et du coup je me suis retrouvé à Saintes en 2006, j’ai acheté cette maison, sur les bords de la Charente, pour voir passer le grand fleuve familier. Parfois il nous joue des tours et rentre par la cave, mais ce n’est pas grave, car c’est une très vieille maison qui est faite pour supporter les inondations. Je ne suis plus en exil dans le Midi, j’aime respirer l’air de mon pays.»

Retraite ne veut pas dire oisiveté. Jusqu’en juin dernier, Michel Lis assurait la chronique jardinage de France Bleu La Rochelle, et il publie régulièrement des ouvrages de jardinage et de souvenirs  chez différents éditeurs régionaux.

«J’ai toujours été bercé par des histoires de Saintonge que m’a racontées mon père, et du coup j’ai exploité ce filon. Je me suis remémoré toutes ces histoires, que j’ai enrichies avec des recherches personnelles, dans les vieux livres, les almanachs.» Son dernier ouvrage en date, Journal d’un curieux de Saintonge,  un livre d’anecdotes et de souvenirs, qui vient de recevoir le Prix des Pèlerins au salon du livre de Pons, évoque abondamment Royan, à travers des anecdotes, des souvenirs.

«Et même des contes, quand je sens que j’ai l’humeur à faire un conte. Dans ces souvenirs de la Saintonge j’ai beaucoup axé sur Royan, notamment  parce que j’ai trouvé des documents dans les papiers de mon père, Pierre, dont un poème de Victor Billaud, le fondateur de la Gazette des bains de mer au début du xxe siècle. Il avait écrit ce poème en 1907 à l’occasion de l’érection de la statue de Frédéric Garnier. C’est un document pratiquement inédit, que j’ai publié parce que pour beaucoup de Royannais Frédéric Garnier, cela évoque encore quelque chose. Mon père était originaire de L’Eguille et, en 1945, alors qu’il était vice-président du comité de libération de Saintes, il a été amené à diriger l’évacuation des sinistrés après le bombardement de Royan le 5 janvier 1945. Le gouvernement français avait négocié des heures de trêve pour évacuer les civils, et il était le seul civil à pouvoir entrer dans la poche de Royan.  Dans un de mes livres, La Saintonge d’ici et d’ailleurs,  je raconte une anecdote à ce propos. Un soir mon père se retrouve dans Royan par un froid de canard avec une poignée de sinistrés qu’il fallait abriter pour la nuit. Avec le curé de l’église Saint-Pierre, ils sont allés au Clair de lune, le bordel de Royan, qui avait été réquisitionné par les Allemands. Les filles donnaient du vin chaud à tous ces vieux de Royan, qui n’en avaient jamais vu autant ! Ils sont repartis le lendemain avec les filles en les cachant sous les bancs dans un camion. Le patron du bordel s’appelait Pompon et il a dit à mon père :  “Ecoute Pierre, emmène-moi mes filles, je ne veux plus servir les Allemands.” Il était temps ! A l’époque, j’avais 8 ans et je vivais à Saintes. J’ai découvert les bains de mer à la libération. Royan était détruit, c’était un tas de ruines, mais on y allait pour se baigner. J’ai été bercé sur la Grande Conche. Plus tard, mon père est devenu haut fonctionnaire puis, quand il a pris sa retraite, il s’est fixé à Royan. Il a été maire de Royan de 1979 à 1983, c’est lui qui a finalisé le projet du port en eau profonde, quai de l’amiral Meyer.

Je suis toujours l’actualité royannaise, je lis la page de Royan tous les jours dans le journal. J’ai beaucoup d’amis à Royan, des peintres, des gens qui sont plutôt dans les milieux artistiques. Didier Quentin est un monsieur que je connais bien, même si nous ne partageons pas les mêmes idées. En plus, je suis grand maître de la Confrérie des vignerons de Talmont-sur-Gironde, nous avons déjà intronisé Dominique Bussereau et Jean Rouger, le maire de Saintes, qui est socialiste. Didier Quentin sera le prochain intronisé, nous sommes très œcuméniques.»


 

Conseils pour un jardin de week-end

«Pour un jardin de week-end, il faut des végétaux adaptés au climat de la région, et surtout à Royan, des végétaux qui résistent à la sécheresse et au soleil. Tout ce qui supporte la sécheresse et les embruns, c’est formidable ! Je conseille surtout les lavandes vertes et les perovskias, qu’on connaît moins bien mais qu’on voit beaucoup dans les massifs des jardins publics. Ce sont des petits arbustes qui fleurissent gris bleu. Vous n’avez pas forcément besoin de fleurs, mais avec les arbustes, vous avez toute l’année des sculptures vertes, vert foncé, vert clair. On peut construire un jardin uniquement avec des arbustes, persistants ou caducs. Car vous avez des arbustes caducs qui donnent des couleurs magnifiques à l’automne. Il y a le photinia, qui a un feuillage bicolore, le nandina qu’on appelle aussi le bambou sacré. Voilà un arbuste formidable qui fleurit avec des baies rouges l’été. Un autre arbuste que j’aime beaucoup, parce qu’il fleurit l’hiver, c’est le sarcococca, qu’on appelle aussi le buis chinois et qui fleurit en février, avec des fleurs qui embaument la vanille. La règle d’or, c’est résister aux embruns et supporter la sécheresse, donc les terres assez pauvres. Pour les fleurs c’est pareil. On sacrifie bien sûr à l’hortensia, qui est pratiquement la fleur nationale de la Saintonge, de Royan et de la presqu’île d’Arvert. Puis également la rose trémière, ça pousse ou ça veut. Mon grand-père disait c’est une fleur de feignant : on jette les graines par-dessus son épaule, et  ça lève ! On peut aussi faire pousser des fleurs vivaces qui sont des plantes qui se recueillent chaque année, à condition de les couper en fin de saison.»

 

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