La Côte de Beauté - N°90 - Septembre/Octobre 2007

Terminal méthanier : ouverture (officielle) du débat public

La prise de position au cœur de l’été du secrétaire d’Etat aux transports, Dominique Bussereau, contre l’implantation d’un terminal méthanier au Verdon a lancé avant l’heure le débat autour du projet.

 

En février dernier, Henk Jonkman, directeur général de la société néerlandaise 4Gas, présentait officiellement son projet d’implantation d’un terminal méthanier, baptisé Pegaz, dans la commune girondine du Verdon. Cet investissement, estimé à plus de 425 millions d’euros, devait aboutir, à l’horizon 2011, à la mise en service d’une unité de réception, de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL). En Médoc, comme de ce côté de l’estuaire, le projet de cette installation, classée Seveso 2, est loin d’avoir fait l’unanimité auprès de la population. C’est donc avec soulagement que l’annonce de la saisine du dossier Pegaz par la Commission nationale du débat public (CNDP) a été accueillie en avril. Grâce au débat qui se déroulera jusqu’au 14 décembre prochain, «chaque citoyen concerné par ce projet pourra connaître en détail les caractéristiques du projet, poser des questions et obtenir des réponses claires et complètes», assure Louis-Julien Sourd, le président de la Commission particulière du débat public. Pour autant, le débat commence sur une fausse note. Au cœur de l’été, Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux transports, s’est déclaré défavorable à l’implantation du terminal méthanier au Verdon, lui préférant le port de La Rochelle. L’annonce a provoqué un raz-de-marée en lançant le débat avant le débat. Les partisans du projet ne décolèrent pas. Le port autonome de Bordeaux (PAB), porteur du projet, et la Chambre de commerce et d’industrie reprochent au ministre son intervention prématurée. D’une part parce que Dominique Bussereau a la tutelle de la Direction des ports, et que, par ses propos, il met en concurrence deux conseils d’administration (celui du PAB et celui du port de La Rochelle). D’autre part parce que le ministre est aussi élu de Saint-Georges-de-Didonne et que son intervention est comprise par certains comme une façon de faire passer l’intérêt local avant l’intérêt national. Dominique Bussereau s’en défend et expose trois raisons à sa prise de position. Selon lui, le besoin d’un terminal méthanier dans la région n’est pas avéré sur le plan économique, l’implantation d’un tel équipement n’est pas compatible avec la vocation touristique de l’estuaire et le port de La Rochelle, qui dispose d’une «véritable zone industrielle», serait prêt à accueillir le projet… même si 4Gas indique n’avoir jamais eu l’intention d’aller y installer ses cuves.

 

La résistance s’organise

 

Mal perçue par les partisans, l’intervention de Dominique Bussereau est par contre du pain bénit pour les opposants au projet. «On ne pouvait pas avoir meilleur soutien avant que ne commence le débat public», reconnaît Lalou Roucayrol, président de l'association Une Pointe pour tous, qui compte 2 000 adhérents opposés à l’installation du site classé Seveso 2. Néanmoins, le collectif ne relâche pas la pression. Il multiplie les manifestations et dénonce les conditions du débat public. Dans une lettre adressée fin juillet à Louis-Julien Sourd, le collectif demande l’extension à six mois de la durée de ce débat ainsi que son report à des dates tenant compte «de la nécessité de consulter la population qui réside au Verdon en saison estivale».

La résistance s’organise également du côté charentais. Patrick Rey, agent immobilier à Royan, est en train de constituer le bureau d’une association qui s’opposera également au terminal méthanier du Verdon¹. S’il soutient la démarche d’Une Pointe pour tous, il revendique une autre approche. «Une pointe pour tous se place sur le plan purement technique en dénonçant les problèmes de sécurité qui pourraient découler de cette installation. Personnellement, je situe le problème beaucoup plus en amont et m’inquiète pour l’image de la région.» Pour lui, le projet aura un impact négatif sur l’activité touristique et l’emploi saisonnier. «Les Allemands et les Scandinaves s’inquiètent déjà de la proximité de la centrale de Braud-Saint-Louis, alors si on ajoute un terminal méthanier de l’autre côté de l’estuaire, ils ne viendront plus. Car s’ils veulent passer leurs vacances sur la côte atlantique, d’autres destinations avec lesquelles nous sommes en concurrence pourront les accueillir : La Baule, Biarritz, Arcachon…» L’homme est inquiet. «Les bateaux d’approvisionnement du terminal vont passer au pied de Saint-Palais-sur-Mer. Si un jour l’un d’entre eux a une avarie, ce sera désastreux en terme d’image.»

Certains politiques ont rallié le camp de l’opposition. Xavier Pintat, sénateur-maire de Soulac, et Didier Quentin, député de la Charente-Maritime, ont participé le 15 août à la manifestation organisée à Port Médoc par l’association Une Pointe pour tous. Mais la plupart des élus, Alain Martinet, le maire du Verdon, en tête, préfèrent attendre les conclusions du débat public pour prendre position. Des conclusions qui interviendront au plus tard deux mois après le débat.

¹ Pour son bureau, Patrick Rey recherche encore «deux personnes motivées et disponibles».

Rens. 06 09 21 09 22

 

La position des élus royannais

Les élus royannais, lors du conseil municipal du 30 août dernier, ont fait connaître leur opposition au projet. Ils s'appuient sur différents points à savoir l’incompatibilité de ce projet avec la vocation touristique de la commune, compte tenu de son impact visuel, les risques d’une installation classée Seveso 2, ses rejets, les incidences sur la navigation dans l’estuaire et la proximité immédiate de différents sites classés Natura 2000.

 

Le calendrier des réunions

Le débat public sur le projet de terminal méthanier au Verdon se tiendra jusqu'au 14 décembre. Plusieurs réunions publiques sont programmées pour débattre du projet. Elles seront organisées dans les deux départements concernés : dans le Médoc et à Bordeaux pour la Gironde, à Royan pour la Charente-Maritime. Les réunions débuteront à 19h.

27 septembre Réunion thématique : «Quels enjeux sur l'environnement naturel du territoire ?», salle Lothecia, Le Verdon

4 octobre Réunion territoriale : «Quels impacts du projet sur le territoire ?», salle de spectacle de Royan

9 octobre Audition publique : «La politique énergétique et le marché du gaz», casino de Bordeaux-Lac

18 octobre Audition publique : «Quelles hypothèse d'acheminement du gaz depuis le terminal par gazoduc ?», espace François-Mitterrand, Lesparre

22 octobre Réunion thématique : «Quelles nuisances pour les habitants ? Quelle prévention des risques ?», salle Lothecia, Le Verdon

8 novembre Réunion thématique : «Quels impacts sociaux et économiques du projet sur le territoire ?», palais des congrès de Soulac

29 novembre Réunion de clôture : «La synthèse de l'expression du public recueillie sur les deux départements», casino de Bordeaux-Lac

Commentaires des internautes
Bermudeau - le 12/05/2009 à 08:53
j' étudie en ce moment un dossier sur le port méthanier du verdon qui est en projet de réalisation.Je suis outré qu' on puisse construire un tel site sur une cote merveilleuse où le touriste aipme passer ses vacances et où le seul moment de repos du week end c'est de venir se promener sur les cotes de royan. Je n' ai pas enhvi de voir un port méthanier sur notre estuaire notre environnement et notre économie en serai touché!continué la lutte les gars contre ce port je suis avec vous!
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