Terminal méthanier, la parole est à 4Gas
Dans ses conclusions rendues le 13 février à Bordeaux, la commission particulière du débat public sur le projet du terminal méthanier relève la forte mobilisation contre cette réalisation mais signale aussi qu'il y a des partisans médocains. Les promoteurs ont jusqu'au 13 mai pour faire connaître leur position.
Le 13 février, soit une journée avant la date annoncée, la commission particulière pour le débat public sur le projet 4Gas de terminal méthanier au Verdon a rendu son rapport. Comme elle l'avait annoncé, il ne s'agissait pas de dire si l'implantation de ce projet était opportune ou non, elle ne devait pas rendre d'avis définitif, se contentant juste de faire le bilan des différents débats publics qui ont eu lieu entre septembre et décembre derniers des deux côtés de l'estuaire de la Gironde.
La rédaction de cette synthèse par la commission particulière, chargée d’animer les échanges verbaux et écrits, était pour le moins attendue. Il s’agit de l’avant-dernière étape avant la décision du maître d’ouvrage néerlandais qui dispose, lui, d’un délai de trois mois pour dire s’il souhaite toujours s’implanter à la Pointe du Médoc. On prête volontiers à cet industriel un caractère tenace. Il en aura bien besoin pour affronter soit les sarcasmes s’il se retire, soit les hurlements s’il persiste et signe.
Depuis la fin officielle, mi-décembre, de la procédure de concertation publique, le débat n’est pas clos pour autant. Il continue de plus belle, campagne électorale des municipales aidant, contribuant au passage à faire ressortir les vieilles rancœurs. En témoigne la rébellion publique d’Alain Martinet, maire du Verdon, contre une initiative récente de Xavier Pintat, sénateur-maire de Soulac : l’accueil à Port-Médoc du navigateur Gérard d’Aboville, président du conseil de la navigation de plaisance, et de Didier Quentin, député de Royan, président du Conservatoire du littoral, opposés au terminal méthanier. «Port-Médoc n’est pas une enclave de la Charente-Maritime et j’exige que l’on respecte la commune du Verdon !» Au passage, le maire du Verdon s’en est également pris aux opposants purs et durs qui ont donné, selon lui, «une image lamentable de notre Nord-Médoc» lors des débats publics en couvrant la partie adverse sous les huées. Sur Internet, le débat, nettement plus policé, n’en est pas moins dense. Le site de la commission particulière a recueilli d’innombrables contributions, cahiers d’acteurs et questions (plus de 1 500 pour le seul maître d’ouvrage !).
Le député Didier Quentin consterné et indigné
A la lecture du document de plus de 60 pages, consultable sur Internet (www.debatpublic-terminal-leverdon.org), la réaction du député Didier Quentin ne s'est pas fait attendre. «C'est avec consternation et indignation que je prends connaissance de ce compte rendu. Quelques courts passages seulement sont consacrés aux prises de position des élus, des associations et de la population de la rive droite de l'estuaire. J'en ai relevé moins d'une dizaine sur 60 pages de rapport. Il n'est même pas fait allusion aux motions votées à l'unanimité par les différentes collectivités territoriales : conseils municipaux du pays Royannais, communauté d'agglomération Royan Atlantique, Conseil général de la Charente-Maritime et Conseil régional Poitou-Charentes.» L'élu regrette également que le compte rendu ne fasse état qu'une seule fois des nombreuses interventions qu'il a multipliées pourtant lors des réunions publiques ainsi qu'à ses nombreux écrits à la commission. «Ce compte rendu se caractérise donc par un manque de rigueur et d'objectivité patent. Quant aux enseignements du débat, seules cinq lignes reprennent les positions exprimées par la population, les élus et les associations de la côte royannaise, avec une contre-vérité manifeste : personne n'a jamais dit, en effet, que des cuves semi-enterrées seraient plus acceptables. Au contraire, l'unanimité s'est faite contre ces cuves qu'elles soient enterrées, semi-enterrées ou à plus forte raison de 50 mètres de haut !». Plus déterminé que jamais, Dider Quentin a saisi le Premier ministre pour lui faire part de cette affaire «contraire à l'esprit du Grenelle de l'Environnement. [...] Je poursuis mon action pour la création d'une Aire marine protégée. [...] En liaison avec les maires du pays Royannais et mon collègue Xavier Pintat, sénateur-maire de Soulac-sur-Mer, je prends les dispositions pour confier la défense des intérêts de nos collectivités à un cabinet d'avocats, pour le cas où 4Gas déciderait de poursuivre son projet. Si une enquête publique devait être ouverte, j'inviterais toute la population à manifester son opposition au non-sens économique et écologique que constitue ce projet.»