La Côte de Beauté - N°105 - Mars/Avril 2010

Xynthia, dévastatrice

La tempête Xynthia, qui a touché la France dans la nuit du 27 au 28 février, a causé la mort de plus de 50 personnes, dont une sur l'île d'Oléron, et de nombreux dégâts matériels. La conjonction des vents violents et d'une forte marée a donné lieu à un réhaussement du niveau de la mer qui a occasionné d'importantes inondations, principalement en Charente-Maritime et en Vendée. La tempête Xynthia est considérée comme une des plus violentes et des plus meurtrières depuis les tempêtes de décembre 1999.

cb105-4a.jpgCe ne sont que quelques mètres carrés de bonheur que l’on partage principalement en famille, l’été, ou avec les amis, voire même quelquefois les amis des amis qui découvrent enchantés les plaisirs de la pêche en mer ou en hauteur. Les carrelets de la Côte de Beauté ont payé un lourd tribut lors du passage de la tempête Xynthia. Cette perte peut certes paraître dérisoire comparée à la cinquantaine de morts que cette catastrophe a provoqué, dont une habitante de Boyardville sur l'île d'Oléron. Mais il s'agit d'un symbole important du paysage picto-charentais et pour les propriétaires, déja durement touchés lors de la tempête de décembre 1999, tout est à refaire... ou pas. Certains, en effet, risquent de n’avoir ni la force, ni l’envie ou encore peut-être pas les finances pour reconstruire ces quelques mètres carrés.
Beaucoup des carrelets situés à Meschers n’ont pas résisté au vent violent. Même spectacle de désolation à Saint-Palais-sur- Mer où seuls les poteaux des fondations sont encore debout. La plage du Concié n’est plus qu’un amas de bois, de poteaux (photo ci-dessus).
cb105-7b.jpgLa promenade Charles-Martel à Saint-Georges-de-Didonne qui faisait, là aussi, l'agrément des sorties familiales dominicales, n’est plus qu’un beau souvenir. La base nautique, incendiée en 2006, est aujourd’hui inondée. La terrasse en bois dont était fait le début de la promenade a été soulevée à plusieurs endroits par la force conjuguée du vent et des vagues. Un peu plus loin, les pavés sont éparpillés ça et là. Les lourds bancs en pierre, où le promeneur avait plaisir à se poser pour admirer la mer, ont été déplacés. La promenade, inaugurée en 2006, est impraticable.
Des arbres n’ont pas résisté sur le parking menant à la plage à Vaux où celle-ci est jonchée de détritus. A La Palmyre, la houle a emporté une partie du sable des plages. A Ronce-les-Bains (photo ci-contre) et à La Tremblade, les habitants ont le plus souffert. L'eau est montée très rapidement, inondant les rues, les maisons et les commerces. La base nautique est inutilisable et le ponton en bien mauvais état.



Conférence des exécutifs : premières mesures concrètes


Le 3 mars, la présidente de la Région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a réuni à La Rochelle la conférence des Exécutifs, qui rassemble les présidents des quatre départements et des sept agglomérations de la région.
Préparée par une réunion commune des services de la Région et du Département de Charente-Maritime, cette conférence a permis de faire un point sur la situation et d’examiner les propositions d’actions immédiates. Il s’agit de coordonner au mieux l’action des collectivités au service des habitants de la région.
La conférence a conclu ses travaux autour des premières mesures concrètes.
Se reloger : permettre aux personnes sans abri d’être relogées dans des mobile homes, soit mis à disposition par les professionnels du tourisme de plein air, soit apportés, soit acquis par d’autres partenaires ; un besoin de reconstruction des logements sociaux détruits ou endommagés a également été identifié et fera l’objet d’une action commune avec l’Association régionale des organismes sociaux pour l’habitat ; un soutien psychologique a également été mis en place pour accompagner les familles dans leur détresse.
S’équiper : les familles doivent faire face à des besoins de renouvellement de leur équipement ménager et plus largement de leurs meubles. Des chèques d’urgence solidaire régionaux de 500 euros sont disponibles d'ores et déjà dans les quatre communes les plus touchées (Port-des-Barques, Charron, Aytré, Saint-Georges-d’Oléron) puis dans les autres communes concernées.
Se déplacer : le besoin de déplacement est important compte tenu des inondations qui ont détruit des centaines de véhicules. Les collectivités vont mettre en place des titres de transport en commun gratuits et la Région loue des véhicules pour les mettre à disposition des communes pour les déplacements des habitants.
Pour les entreprises, un dispositif coordonné entre la Région et le Département de Charente-Maritime va être mis en place afin de proposer un service unique d’aide aux entreprises, simplifiant et accélérant leur versement. L’objectif est de permettre un redémarrage rapide, notamment dans les trois secteurs de la conchyliculture, du tourisme et du nautisme. Un effort particulier sera fait pour faciliter l’accès au crédit avec des garanties apportées par les collectivités.
Enfin, au titre de l’attractivité du territoire, la Région va lancer une campagne de promotion touristique dès le 24 mars au niveau national, à laquelle les autres collectivités ont été appelées à contribuer.



Europe, Etat, Région, Département : tous solidaires


Lundi 1er mars, après avoir survolé en hélicoptère les côtes charentaises, Nicolas Sarkozy, président de la République, a annoncé une série de mesures d'urgence qui allaient être prises par le gouvernement. Ainsi, à la demande de ce dernier,  l'Union européenne a accepté d'activer le fonds de solidarité communautaire. Il remboursera une partie du coût des interventions publiques (remise en état des infrastructures, notamment).
De plus, les foyers sinistrés pourront obtenir des délais de paiement de leurs impôts. Ceux dont l'habitation a été détruite ou est vouée à la démolition n'auront plus à payer de taxe d'habitation ni de taxe foncière. Ceux qui ont subi des dégradations de leur habitat pourront payer moins d'impôts locaux. En effet, ils pourront demander une révision à la baisse de la valeur locative de leur logement, qui sert de base au calcul de ces impôts. Les artisans, les commerçants et toutes les entreprises auront, s'ils en font la demande, systématiquement trois mois de délai de paiement pour leurs cotisations sociales et ils pourront aussi bénéficier de remises et de délais sur leurs impôts (impôt sur les sociétés, TVA, notamment).
Les agriculteurs, quant à eux, seront indemnisés à travers le fonds national de garantie des calamités agricoles. Les ostréiculteurs bénéficieront d'un plan d'aide supplémentaire.
Lundi 1er mars, en soirée, le gouvernement a signé l'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Les sinistrés pourront ainsi être indemnisés sur les dégâts causés par les inondations.
Présente dès le lundi matin à La Rochelle et sur l’ensemble des côtes charentaises, Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, a demandé la mise en place en urgence d’un plan mobile homes. La Région souhaite mettre en place un plan de livraison de mobile homes. 600 à 800 sont nécessaires.
Mardi 2 mars, Dominique Bussereau, portant la double casquette de secrétaire d'Etat aux Transports et de président du Département de Charente-Maritime, était présent sur les côtes et notamment sur l'île d'Oléron. Là encore, des mesures ont été annoncées, à savoir le déblocage de 7 M€ pour les réparations de la voirie, mais aussi 120 à 150 M€ pour la réparations des digues. Il a demandé à la présidente de la Région que les procédures d'indemnisations soient communes pour toutes les demandes d'aides comme cela avait été le cas en 1999.



Les ostréiculteurs touchés


cb105-7e.jpg«C’est le coup de trop. Nous n’avions pas besoin de cela !» François Patsouris, président de la section régionale conchylicole, est effondré à l’image de l'ensemble des ostréiculteurs du bassin de Marennes-Oléron. Si les parcs en mer n’ont, semble-t-il, pas trop souffert, à terre, c’est la catastrophe. «A terre, nous sommes à genoux», résumait celui qui cédera sa place de président dans les jours à venir. Un départ sur une nouvelle catastrophe après la tempête de 1999 et la crise de surmortalité depuis deux ans. Difficile cependant, deux jours après le passage de Xynthia, de tirer un bilan. Il faut encore que les ostréiculteurs se rendent sur leurs parcs, mais pour certains, cette démarche est impossible : la tempête a détruit leur matériel. Alors certes les aides  promises permettront de rembourser le matériel détruit mais qu'en est-il de tout ce travail perdu, ce moral une fois de plus touché ?
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